Une journée aigre-douce


Une journée aigre-douce

Journée intense que ce mercredi 18 septembre.

Elle commence mal, la matinée se passant à faire le tour des vignes mangées par les sangliers avec les experts détachés par la fédération de chasse. C’est donc plus de 2 hectares de vignes que nous ne vendangerons même pas cette année. Plus d’un ha qu’il faudra trier avec soin, les grappes dévorées à moitié par les sanglers devant être entièrement jetées car elles sont impropres à la consommation. Plus de cinq ou six tonnes de plus, réparties dans toutes les parcelles, que nous ne déclarons même pas, las. Pourtant, nous avons cloturé 5 hectares supplémentaires cette année et globalement, il a fallu concacrer deux mois/homme cet été à la surveillance des clôtures et au changement des batteries. Mais voià, après 4 ans de sécheresse, il n’y a plus rien à manger et à boire pour une population de sangliers en plein boom, boostée par l’abandon progressif des milieux ouverts, gagnés par la garrigue.

A la clé, des tonnes de papiers à remplir et des querelles de chiffonniers pour compenser l’inertie de la fédération de chasse. Ne rétribuant les dégâts que sur la base du prix du vin en vrac, les chasseurs se moquent de la protection des cultures. Mais bon, c’est décidé, cette année, j’entame une action en justice et j’irai jusqu’au procès. Alors qu’un peu de bon sens et de bonne volonté préventive de la part des chasseurs permettrait sans doute que tout le monde cohabite paisiblement…

En redescendant du Mas Llianssou, entièrement dévoré malgré les clôtures et sur les parcelles duquel nous avions fait un travail de dingue cette année, je repensais à la première strophe du poême de Kiplling :

« Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir… »

Super. Mais la pilule a du mal à passer, je l’avoue, et je me demande si ces raisins ne vont pas me manquer dans l’assemblage. Bon, après la journée s’est bien déroulée, c’est la partie douce… J’ai digéré la perte des raisins et commencé à changer toute ma stratégie de vendange pour compenser la perte…

Nous sommes désormais à fond et le raisin va rentrer sans discontinuer. Tous les cépages sont magnifiques et la qualité des raisins est stupéfiante. J’ai l’impression d’être dans une fabrique de caviar ;-), et il ne s’agit que de choisir entre osciètre, sevruga et beluga…  Couleurs extraordinaires. Pour les tanins, trop tôt encore pour se prononcer.

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