Vendanges 2013 – Jour 20 – Carignan, toujours



On voit le bout. Pour autant, on mesure encore le chemin à parcourir. Deux jours ? Trois jours ? On va voir. La fatigue s’accumule, la lassitude aussi. Tout cela pèse sur le moral et sur les décisions. On comprend le terme «enlisement», lors d’une campagne militaire. Pourtant, haut les cœurs, tout va bien, on est dans le «cœur de la meule», on est dans le caviar depuis longtemps, là, on rentre dans le Beluga…

Temps magnifique, frais le matin, 25 l’après midi avec une douceur automnale, comme on dit. C’est le moment de rentrer les Carignan. Ils nous le disent, d’ailleurs, en nous montrant leurs feuilles qui changent de couleur. A cette période, le Carignan « flamboie », il n’y a pas d’autres mots. C’est magnifique. Il est 9 h, il fait 6 ° à cette alttude. C’est parfait. Mûr, quoi. Nous grimpons le bout de chemin de terre qui monte jusqu’au dernières vignes du village, protégées par un solide grillage. Heureusement, car il n’y aurait, sans cela, plus rien. La beauté de l’endroit nous saisit, comme d’habitude. On ne peut se lasser de la nature quand elle est aussi belle.

Clairement, c’est la fin du cycle et il faut prendre désormais ce que la nature nous donne, sans plus de poser de questions. Simplement, il faut le faire avec beaucoup de délicatesse car les peaux, bien mûres, sont désormais très fragiles. On vendange en caissettes, les caissettes sont portées une par une jusqu’au camion frigo. Chaque grappe est vendangée avec douceur. Personnellement, j’aime les caresser un peu avant de les couper. On ne se refait pas, hein, Freddy… (private joke, désolé). Nous ne sommes en fait plus pressés, bien qu’on coupe toujours très vite, tout le monde étant dans le rythme et ayant du mal à ralentir, car, de toute façon, je n’ai plus de place dans ma cave de poupée. D’habitute, on a le temps de décuver un peu avant de recharger mais cette année, rien n’est prêt et décuver et cela ne donnerait rien de bon. Je ne sais pas comment je vais faire, en fait. On y pensera tout à l’heure. Ce soir. Pour l’instant, je savoure, l’endroit, les vignes, l’énergie incroyable de la nature sauvage et la majesté des vieux ceps.

La pulpe elle même est colorée par les anthocyanes relarguées par la peau. Pourtant, on le verra plus tard dans la cave, on n’est qu’à 13,2° avec des pH ma-gni-fi-ques. Les terroirs en altitude, protégés du soleil direct par la montagne toute la matinée, brumeux. Pas un grain passerillé, pas une trace de botrytis. Seul un blaireau, un « tachou » comme on dit ici, a joué à cache cache avec Edouard tout l’été, aussi rapide à passer sous le grillage que celui-ci mettait d’ardeur à consolider le grillage.

Une belle journée. Dans la voiture, un peu U2. Y’a pas mieux, à ce moment de l’année.

 

2 commentaires

Laisser un commentaire

ABONNEMENT

Recevez les billets du blog dès leur publication. Et rien d'autre.

Archives