Vendanges 2014 – J+8 – Regarder les feuilles tomber


Un truc de moines de Shaolin. S’asseoir devant un arbre, attendre de voir les feuilles tomber.

Rien à voir avec le contenu de ce billet, mais j’aimais bien l’image. Et comme j’ai pas de rédacteur en chef pour me changer mes titres ou me couper mes textes, je fais ce que je veux et je savoure. Un jour, je m’assiérai sur une pierre. Et j’attendrai l’illumination. Vous dire dans quelle vie, en revanche…

Je ne vendange toujours pas, alors, il faut bien que je m’occupe. Bon, un peu de Syrah, mais toujours pas un Grenache, un Carignan, un Mouvèdre. On verra bien.

Alors je vous ai fait des photos de feuilles, pour que vous compreniez bien de quoi on parle cette année. Un blog, ça sert aussi, enfin je l’espère, à acquérir des connaissances. Je vous ai déjà mis le mildiou. Je vais pas vous faire l’insulte de vous mettre des photos de certaines vignes ici cette année, qu’elles soient de coopérateurs désespérés ou de bio-dynamistes cinglés : les deux font honte à ma vallée, à mon terroir, à mon AOP et surtout à mon «organisme d’inspection» qui se moque du monde en faisant des «sondages» par tirage au sort et en fermant les yeux lorsqu’ils passent devant les vignes dévastées par les maladies mais pas tirées au sort, pour ne pas faire de vagues. La réforme de l’AOP, ce fut un beau raté et ce n’est pas terminé. Mais bon, il parait qu’il faut rien dire, alors…

Alors, trois cas de figure, toutes venant de mes vignes, je précise :

Cas numéro un : araignée rouge. Se développe les années sèches, en partant des vignes le long des pistes en terre. Sur les argiles légères, le passage ou le vent fait sortir la poussière. L’araignée adore ça. Elle prolifère, puis envahit la vigne. Pas de conséquences sur le raisin en lui même. mais les feuilles ne sont plus opérationnelles et donc, la photosynthèse est bloquée et l’usine à sucre en panne. Là, c’est sur un petit Mourvèdre, le long d’une piste utilisée par les chasseurs. On a coupé toutes les grappes des vignes qui ne sont plus fonctionnelles, ça fera un rosé parfait. Inutile de traiter. On va faire un cuivre pour renforcer ce qui reste (elle n’est plus active) pour tenter de tenir encore trois semaines avec des feuilles en fonctionnement.

Cas numéro 2 : carence en magnésie. Intéressant, elle ne touche que le bord d’un vieux grenache blanc, le long d’une grosse haie, très vigoureuse. Les chênes verts concurrencent la vigne et déséquilibrent le ratio potasse/magnésie. En allant vite, on peut prendre ça pour du court noué. Mais vous, maintenant, vous savez.

Ce qu’il y a de super, sur les photo en gros plan, c’est qu’on a des intrus qui veulent être sur la photos. Là, par exemple, en haut à gauche, c’est une petite araignée qui voulait être dans le blog. Ca m’arrive tout le temps ;-). L’aviez vous remarquée ? La gestion de la potasse, cette année, ce sera sans doute une des clés pour comprendre le millésime. Vu qu’il a plu en été et que c’est pas courant, les minéraux ont été différemment utilisés. Beaucoup d’acide malique dans les moûts et, en même temps, des pH assez hauts donc des vins qui exigeront une hygiène parfaite pour ne pas dévier.

Cas numéro 3 : cicadelle des grillures. Invasion cette année, surtout sur le Carignan. C’est un truc minuscule qui saute partout quand vous passez les mains dans les vignes. Quand le soleil est bien placé, c’est spectaculaire. Ca fait pourtant que 2 mm. On reconnait les symptômes à l’effet mosaïque entre les nervures qui deviennent brun-rougeâtre. Attention à ne pas les confondre avec l’Esca ou la Flavescence. Je vais pas vous faire le musée des horreurs en une seule fois. Bon elle est très virulente cette année, et pourtant on a traité pour la Flavescence dorée, justement, dont les insectes vecteurs sont proches, en explosion cette année dans le Roussillon, parce que rares sont ceux qui respectent les arrêtés… Cela devient un grave problème mais ceux qui ne traitent pas ne s’occupent aucunement des autres, appliquant la sentence : après moi, le déluge. Déplorable.

Là, en gros plan, on voit les piqûres des insectes qui coupent les alimentations en chloro de la vigne. Les attaques se font surtout en Juillet. Maintenant, l’insecte va aller pondre sur des végétaux à feuilles pérennes. Pour tout savoir et devenir spécialiste, c’est ICI. On peut pas (on doit pas, surtout) tout tuer et là, vu que ça n’a pas de conséquences réelles sur la vigne, on a pas bougé.

Début des blancs lundi, mais il faudra trier le mûr. Année étrange…

 

2 commentaires

  • Jean-Luc Leguay
    22/09/2014 at 7:59 pm

    Bonsoir Hervé,
    Je suis content d’avoir retrouvé votre blog sorti d’hibernation avec les vendanges. Le journal de bord est super et la volonté pédagogique est vraiment bonne. On a un peu l’impression d’être dans les vignes avec vous.
    J’ai hâte d’être au prochain épisode !!
    Jean-Luc

  • Jean Pierre
    28/09/2014 at 6:09 am

    Hey Oh Hervé tu dors au pieds de ton arbre ou bien ??

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