Vendanges blues


Bon, soyons clair, l’accouchement et les vendanges, ça n’a rien à voir. Enfin, c’est ce que j’en dis, c’est à dire pas grand chose, vu que je suis un homme et que je parle d’un truc qu’il faut vivre de l’intérieur… Mais bon, enfin, après les vendanges, il y a comme un trou. Pas un un trou noir. Pas un truc dépressif. Un moment calme. Quelque chose après la tempête. Une pause. Un changement de rythme. Et en tout cas un changement de rythme d’écriture, en ce qui me concerne. Non, rien à voir, décidément, avec un baby blues. Mais bon, le plus difficile, dans un billet, c’est le titre, alors je vais garder celui là.

Cette pause, je la vis, calmement. Et c’est donc aussi une pause dans l’écriture. C’est un peu dommage car j’aurai eu bien des choses à poser sur cet écran blanc. De plus, pour avoir rencontré un bon nombre de lecteurs de ce blog, dans les trois semaines qui viennent de s’écouler, je sais combien cette rupture après le feuilleton des vendanges peut-être frustrant. Ainsi va la vie, ainsi va le blog et jamais, au grand jamais, je ne me forcerai à écrire.

Que vous dire ? Les vins vont bien, merci. On s’en doutait un peu à la lecture du post sur mes danseuses… La dernière à être décuvée fut la petite Sibérie. Comme d’habitude. Certaines cuves ont besoin de temps. Et ce temps, on ne leur donne plus, dans ce monde où les laboratoires oenologiques décident bien trop de choses à la place des vignerons. Moi, j’ai le temps. Il n’y a pas un jour où je ne savoure cette stupéfiante liberté, ce luxe phénoménal. Accélérer (Modeste 2014 est presque prêt à être embouteillé mais il lui manque les derniers réglages et un bon coup de froid, donc nous attendrons janvier), aller d’un pas soutenu (toutes les malo des Sorcières, des Vieilles Vignes et des Clos des Fées sont faites, les vins soutirés, au repos), ralentir (allonger les élevages des 2013 qui sont décidément magnifiques), s’arrêter (garder des vins en bouteilles jusqu’au moment où l’on décidera qu’ils sont prêts, comme les 2012 où les premières bouteilles ont été présentées samedi dernier à la Paulée, mais qui vont rester dans la cave encore un peu).

Combien sommes nous de vignerons, en France, qui jouissons de cette liberté ? Liberté de vendanges, de vinification, d’élevage, de mise en bouteilles, de commercialisation ? Liberté financière, bien sûr mais aussi liberté de choisir ses clients, son rythme de mise en marché, son lieu même en « produisant » soi même événements et dégustations ? Attendez, ne vous méprenez pas : il n’est question que de savourer, pas de s’en vanter, bien sur. J’aimerai tant que tous les bons vignerons puissent faire ça… Loin des contraintes et des rythmes des règlements, des normes, des marchés, des habitudes, des traditions, des calendriers. Voeu pieu. Mais faisons le quand même.

Donc fort occupé pendant que les cuves terminent leur malo. Dîner Clos des Fées dans la Luberon, préparation du Grand Tasting, réunion au Royal Monceau, Paulée, vendredi, octobre fut bien occupé et beaucoup de temps au bureau, devant l’ordinateur. Et qui laboure, pendant que vous n’êtes pas là ? Pour paraphraser le grand Bocuse : le même qui le fait quand je suis là. Désolé de briser vos rêves, je ne sais toujours pas conduire un tracteur. J’apprendrai, un jour, c’est promis, surtout qu’avec les nouveaux Fendt varie, c’est bien plus facile qu’avant. Pour l’instant, ce fut mails, invitations, réponses, organisation, dernières recettes, envois des vins, des menus, tout pour que les évènements soit réussis.

Et Dieu sait que cette 3ème Paulée le fut. Merci à tous ceux qui sont venus, ont mangé avec gourmandise le risotto à la truffe d’Alba avec un Sémillon magistral et nous ont tant donné, à nous tous, par leurs félicitations, leurs sourires, leurs mots gentils, leur câlin (certains, oui, oui) et bien sûr, ne faisons pas l’autruche, par leur commandes.

il va désormais commencer à penser sérieusement à commencer la taille, à finir les labours d’automne, à épandre la matière organique, à préparer un petit bout de terre pour une plantation l’année prochaine, à récolter les olives à huile et pour peaufiner le grand tasting et notre nouvelle fête, le 7 décembre, hommage au Gourmet’s le seul bar à vin mi suédois, mi auvergnat de l’histoire des bars à vin, grand moment de bonheur dans ma vie débridée et à qui nous allons rendre hommage.

Je vais essayer, au milieu de tout ça, de vous écrire un billet un peu plus factuel, chaque semaine je l’espère. Et puis quelques recettes, ça fait longtemps.

Du temps, du calme, l’hiver approche.

 

Un commentaire

  • David
    21/11/2014 at 5:36 pm

    Être un homme libre n’est ce pas le luxe ultime?

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