New-York en hiver


 

La grosse pomme. Quel nom ridicule, quand on y pense. Je n’aime pas New-York, c’est grave, docteur ? Ca doit être mon côté «maverick», comme on dit ici, franc-tireur, résistant, rebelle, pas moyen de me faire faire un truc comme les autres, de me faire rentrer dans le rang. D’aimer NYC, par exemple. Parce pour pour un Français, aimer NYC, c’est un peu comme aimer Paris, un truc obligatoire. Ben moi, non.

Oh, je déteste pas, n’exagérons rien. Sans toute ne vais je pas aux bons endroits, avec les bonnes personnes, au bon moment. La première fois, c’était il y a… oh, sheat ! … Trente ans bien tassés. Un voyage de mini star, auréolé d’un titre de meilleur jeune sommelier de France, invité par Ruinart et leur distributeur US de l’époque, à une tournée de promotion. Quels souvenirs… Cocktails, limousine, attachée de presse à la Farah Fawcett (c’est pour les vieux, l’allusion, les jeunes, allez sur wikipédia, rubrique vieilleries) pour le jeune écolier que j’étais, ce fut le choc. Le retour aussi. En dix jours, monté au sommet, la tête dans les étoiles, je retournais à la case départ, à la vie normale, rude et (délicieusement) banale. Une belle leçon, qui m’a beaucoup servie, en particulier à ne plus me laisser emporter par les lumières de la ville et de la vie. Sur mon walkman sony à cassette de l’époque (sic…), j’écoutais Barry White… Let’s the music play, play… Voilà quelqu’un dont la mort m’a touché, parce que Bowie, j’avoue, ça m’a laissé de glace. Comme lui. Aie, là aussi, fallait pleurer Bowie ? Mince…

Anyway, me voilà à New-York. Après un vol Air France… Parfait. Faut le dire, hein, quand c’est parfait. Parfait en 45A, quand même, c’est à dire tout au fond, dans la partie «poulet», avec la volaille industrielle. Mais bon, pour un billet AR à 25000 miles et 139 euros, on peut pas être traité comme un chapon de Bresse, en même temps. Le poulet, tiens, était même mangeable et j’ai apprécié la clémentine, plutôt que l’horrible gâteau servi d’habitude. Et du boulgour en entrée, en salade, y aurait il un chef chez Air France qui pense à ceux qui veulent manger un peu équilibré en vol ? Les sièges récents, plus minces, sont appréciés des hommes de qualité ayant une morphologie dite «Poussonesque», en hommage à Vincent Pousson, notre coq de combat national, dont je vous conseille les combats contre les moulins à vent, si vous ne les connaissez pas. C’est ICI. Dans l’avion, dans ce sens, surtout ne pas dormir et les écrans plus grands et les choix plus variés rendent l’épreuve, désormais, plus soutenable. Deux heures de formalités plus tard et une heure de taxi plus tard, conduit par un clone de Jabba le Hunt, me voilà à Manhattan. Ah, au fait, je connais désormais l’odeur de Jabba, très proche de celle de la crasse quand elle est chevillée au corps après au moins trois semaines sans se laver, ou en se lavant, mais sans laver ses vêtements. 12 ° à NYC, j’ai pu ouvrir ma fenêtre, mais quand même, ce fut… une épreuve. Les vignerons, les sommeliers, les parfumeurs, c’est chiant, vraiment pour ça, ça supporte mal les odeurs corporelles liées au manque d’hygiène. Bon, ça, c’est dit.

New-York ? C’est moche, ça pue, les gens se la pètent. Ils se la pètent grave, je dirais, parce la crise est finie et le 11 septembre oublié ou presque. On parle de l’arrogance – réelle – du Français, celle du New-Yorkais n’est pas mal non plus. Je ne vais pas faire la semaine là dessus mais je crois que vous avez bien compris mon état d’esprit, je suis là à reculons, pour la dégustation annuelle de l’importateur du Clos des Fées aux USA. Enfin, une partie des USA, parce que le système de distribution de vin aux USA, c’est un millefeuille administratif tellement contraignant qu’on se dit qu’au final, comme les fascismes de gauche et de droite se retrouvent à un moment, les administrations de gauche et de droite aussi… Si j’ai le temps, je vous expliquerai.

Hôtel où la réceptionniste se la pète, chambre un peu limite (un jour j’irai au Four Seasons où a lieu la dégustation mardi…), la chambre se la pète avec une « œuvre » ridicule faite par un artiste qui se la pète, restau ou l’hôtesse se la pète grave, Pizza, au feu de bois (le pizzaiolo se la pète…), garçon charmant qui ne se la pète pas, parce qu’il lorgne sur mes tip’s, le Français étant souvent généreux de ce côté là, de peur de se planter..

Capture d’écran 2016-01-18 à 13.49.24

Bref, tout le monde se la pète, comme prévu, les pires étant les Français, qui grouillent un peu partout, qui eux se la pètent grave et pensent que personne ne les comprend autour d’eux, tellement joyeux qu’ils sont d’être là.

New-York, quoi.

Sempé, au secours !

5 commentaires

  • mauss
    18/01/2016 at 5:45 pm

    Il y a des jours comme ça…

  • Geneviève Limouzi
    18/01/2016 at 6:20 pm

    Hé voilà NY je déteste …trop tout à mon goût!!!
    Quel souvenir … il y a … enfin quelques années (hum)
    je n’ai jamais retrouvé un container (cofacé quand même)
    pas eu le propos d’accepter de payer quelques tips pour le récupérer
    enfin des tips substantiels … quelque chose avec une sorte de mafia … un peu jeune
    à l’époque pour tenter les coup … encore un regret <;;;

  • arelate
    19/01/2016 at 8:10 am

    J’attends la suite avec impatience…

  • sauer
    19/01/2016 at 11:57 am

    Bonjour Hervé, tu sais, les gens qui se « la pètent »… quels qu’ils soient ils pensent tous que personne ne les entend ou comprend !
    c’est à cela qu’on les reconnait.

  • Pascal
    23/01/2016 at 9:03 am

    Je ne connais pas New-York. Je suis déjà allé aux Etats-Unis, dans deux endroits dont je me demande encore pourquoi ils sont mythiques : Hawaii, et San Francisco, ville européenne somme toute très banale, si l’on met de côté tout le discours marketing.
    Quant à New-York, on en entend parler pour un oui ou un non, généralement pour des choses qui n’ont aucune importance ailleurs.
    Ce matin, ma femme me dit qu’il neige beaucoup au Japon.
    Moi : ah bon, mais ils n’en ont pas parlé aux informations.
    Elle : ben non, ce n’est pas important, tu sais.
    Moi : ils ont pourtant dit qu’il neigeait beaucoup aux Etats-Unis.
    Un non événement aux Etats-Unis est systématiquement relayé par nos médias. Si ce non événement se produit à New-York, on le fait passer pour un événement mondial. C’est peut-être aussi pour çà, à force d’en entendre parler, que les gens qui ne se la pètent pas trouvent que c’est une ville sans surprise.

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