Enfin la pluie


Drôle d’hiver. C’est rien de le dire. On a jamais vu ça. Va savoir ce que ça va donner. Sur la place du village, les discussions tournent autour du temps. Comme d’habitude. Ca semble immuable, comme la mort et les impôts. Le temps qu’il a fait, celui qu’il va faire. Cette année, on est gâté, au niveau discussion, parce que rien n’a tourné comme d’habitude. Entre octobre et mars, il n’est rien tombé. Pluie d’Automne ? Nada. D’hiver ? Encore moins. Reste le printemps et, heureusement, ça tombe un peu.

Oh, pas de quoi se réjouir. 10 mn par là, 20 par ici, 30 peut-être à quelques endroits, le week-end dernier où, pour une fois, il a fait une pluie « normande », lente, longue et pénétrante. Du coup, tout est sec, très sec, même en profondeur. Juste un peu mouillé, en surface, pour faire pousser l’herbe un peu trop vite. Le ray-gras, ça lui va bien ce temps, de l’eau en surface, pas trop chaud, et donc, les vignes sont vertes.

Du coup, le réglage des versoirs est primordial. Dans la terre encore un peu humide, si on ne la retourne pas un minimun, sur une dizaine de centimètres, l’herbe ne meurt pas, se ré-enracine rapidement. Faut aussi qu’il fasse sec les deux jours qui suivent. Sinon, on travaille tellement en surface, léger, qu’elle se ré-enracine facilement. La Tramonane qui souffle presque sans discontinuer cette année est un allié precieux par son pouvoir « sèche cheveux ». Faut bien calculer. Après les versoirs, un deuxième passage est nécessaire pour remettre le sol à plat, avec des ailes larges et quelques « côtes de melon », afin que l’intercep, dans une dizaine de jours, puisse travailler vite, bien et sans faire de dégâts. Enfin, là où il n’y pas de cailloux, c’est à dire à bien peu d’endroits chez nous…

Les tracteurs s’activent, on annonce de la pluie dans la semaine, la fenêtre de tir est étroite, il faut en profiter. Dernière parcelle à tailler, le pinot noir verra cette année se former les baguettes définitives du double cordon, partout où on pourra. C’est ça la massale. Il y a des avantages et des inconvénients. Le principal d’entre eux, c’est que chaque pied fait ce qu’il veut, à sa vitessse. Une sorte de famille de 10 000 personnes, ou, au petit déjeuner, chacun mange un truc différent. Faut du soin, de l’attention, de la rigueur et beaucoup d’amour. L’année prochaine, on devrait savoir si on a eu raison. Ou pas.

Fendt Pinot

Étrange, j’espère la pluie pour accompagner la pousse, permettre une bonne minéralisation, j’ouvre les sols pour y faire entrer lumière et chaleur, pendant que mon ami Nicolas Lesaint, et sans doute tout le Libournais, désespère que la pluie s’arrête… Beau papier, comme d’habitude. Dire qu’il est venu me demander des conseils d’écriture, il y a quelques années, je rigole… L’élève a dépassé le maître, Nicolas, et tu m’en vois ravi. Surtout dans la phase «sans» que traverse ce blog. Oh, ne faites pas semblant, vous aussi, vous l’avez vu.

Peur de redire indéfiniment les même choses. Les asperges sauvages ? Fait. L’omelette de Pâques ? Fait. Les arbres en fleur ? Aussi. Faudrait que je me pose moins de questions, que je ne regarde pas derrière moi et que j’écrive, au jour le jour, comme ça vient. Oui, mais, voilà. Faut du temps. Les journées ne font que vingt-quatre heures, et dans ce métier, tout le monde vous le dira, c’est peu.

A chaque jour suffit sa peine. Le labour de printemps ? C’est fait.

Un commentaire

  • Nicolas
    12/04/2016 at 6:09 am

    Je te rassure Hervé, l’élève continue à apprendre du maître et surtout à attendre avec impatience ses écrits. Il est vrai que tu te faisais un peu plus rare que d’habitude en ce moment mais je crois bien que cela est le cas pour moi aussi. De moins en moins de temps pour écrire et surtout comme tu le dis si bien la peur du déjà raconté… Ça j’en ai déjà parlé, ça ils connaissent mon opinion sur le sujet pourquoi en remettre une couche, écrire pour écrire ? Non merci il faut que l’on aie une pulsion d’écriture pour le faire, un truc en soi qui demande à sortir c’est toujours plus joli au final. Et puis maintenant mon petit personnage m’occupe aussi pas mal et me permet parfois de dire plus rapidement ce qu’un long discours aurait pu décrire. Je pense qu’en fait il faut oublier ce que l’on a déjà dit et ne pas calculer ses écrits pour que lorsque l’on retrouve son auteur on décuple le plaisir des retrouvailles. Une semaine, un mois, deux mois d’absence, peu importe l’important étant de sentir et de ressentir la sincérité d’un message. A très bientôt Obi Wan Kenobizeul je garde en mémoire ce séjour à Vingrau à admirer et à écouter tes idées et tes convictions que le temps fasse que nous nous recroisions bientôt.

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