Vendanges 2016 – Jour J plus 2 – Se croire ailleurs


Bon, je vous l’avais pas dit, mais on avait ouvert la cave vendredi avec notre Pinot Noir.

Bonne idée, il aurait pu être entièrement contaminé par les fumées du gigantesque incendie de lundi, à deux pas. Voir les photos du drame sur le blog de Vincent Pousson, ICI.

J’ai bien aimé mon voyage immobile, où, sans bouger, je me suis cru en Bourgogne ce jour là.

Drôle d’idée que de planter du Pinot Noir en Roussillon, pas vraiment envie d’en parler mais bon, comme le premier balbutiement est en bouteilles, il va bien falloir lever le voile sur le projet en vendangeant le deuxième millésime.

Terroir calcaire exceptionnel, surface interne des argiles parmi les plus impressionnantes du monde, coteau escarpé plein nord, matériel végétal de compétition, tout est réuni pour tenter la dernière aventure moderne dans le vin, en tout cas à mon avis : révéler, qui sait, un nouveau grand terroir, et pourquoi pas de Pinot Noir. En tout cas tenter de le faire.

Je sais, je vais être moqué, raillé, pris pour fou. Du Pinot Noir en Roussillon… Que m’importe. Je le sais, je ne ferai pas ici de ces Pinot délavés, sans couleur, sans tanin, acide et vert que, parce qu’ils ont un «nom» historique, il faudrait aimer et surtout surpayer, même quand la nature capricieuse a fait de la Côte d’Or un enfer climatique pour la vigne. Sous prétexte que les Chinois, anciens pauvres avides de marqueurs sociaux, en sont parait-ils «friands». Sic. Ces vins là, je ne les ai jamais aimés, peu influençable que je suis, mais j’ai adoré, au delà de la raison et de mes moyens, certains jus de vignerons courageux dans des millésimes que l’on dit «du siècle» parce que leur météo se rapproche, quand on regarde les chiffres, de la climatologie méditerranéenne habituelle.

Nulle envie de m’engager dans une compétition de notes ou de prix avec la Bourgogne, je sais depuis longtemps qu’elle est trop sclérosée par le poids d’une histoire plus romancée que réelle et bien sûr par les honneurs, pour reconnaitre la moindre vertu à un Pinot Noir d’ailleurs. Comme le dit Kauffman dans le magazine VIGNERON de ce mois-çi «Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende» et la légende Bourguignone est magnifique (dans «l’homme qui tua Liberty Valance», de John Ford). N’y touchons pas.

Non, ce que je sais, c’est ce que je vois, quatre ans après la plantation, une vigne littéralement amoureuse de son terroir, heureuse d’y planter ses racines et d’y déployer ses feuilles, heureuse de me donner de minuscules grappes goûteuses, fruités, fraîches et mûres à souhait.

En deux heures nous avions vendangé les 1 hectare 84 ares 40 centiares d’un pinot noir qui avait, ma foi, fort bonne mine…

Ca, c’est fait… Trois photos en cadeau.

V2016Pinot1

 

 

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6 commentaires

  • Le Moine Jean François
    09/09/2016 at 8:56 am

    Je suis convaincu que les fées veilleront sur ces quelques rangs de PN !!! Curieux par avance de déguster les prochaines cuvées. Bonnes vendanges Hervé ainsi qu’à toute votre équipe
    JF

  • Jean Pierre Fayard
    09/09/2016 at 9:26 am

    le rêve et l’imagination sont les moteurs de la creation .Je suis persuadé que ce sera bon.

  • jean-luc Javaux
    09/09/2016 at 10:01 am

    Très beaux raisins!
    Et qui paraissent avoir moins souffert que les autochtones.
    jlj

  • Marie-Louise Banyols
    09/09/2016 at 1:12 pm

    Les raisins sont vraiment magnifiques, on dirait qu’ils n’ont pas souffert de la chaleur. Bon courage pour ces vendanges si chaudes!

  • Bobby Kacher
    09/09/2016 at 5:55 pm

    C’est hyper jolie Herve’ .. et peut-être il faut couper bientôt. 13 dégrées c’est bon je crois.. Peut-être 13.5 ?
    Grosses bises

  • Pierre Frendo
    11/09/2016 at 4:49 am

    Il est toujours aussi agréable de suivre ces messages. Quel travail de longue haleine pour arriver au moment de vérité que sera la dégustation. Pour ma culture personnel, Je serais content de savoir pourquoi la Bourgogne est plus un « enfer climatique » que d’autres régions viticoles françaises. Bonne continuation pour les vendanges, je pense à toute l’énergie et toute la sueur dépensées pour que je puisse déguster une bouteille du clos des fées.
    Bien cordialement,
    Pierre

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