Vendanges 2016 – Jour J plus 7 – Accueillir la pluie, accepter son absence


Je roule, tu roules, il roule. Un vignoble hyper morcelé, ça a beaucoup d’inconvénients mais quelques GROS avantages… La tournée quotidienne des parcelles continue alors qu’on annonce une grosse pluie. 20 mn mais «pouvant aller jusqu’à 60 mn». Ca commence pendant la nuit, accalmie le matin, on décide de cueillir, tant pis, la journée va être mouillée, voire trempe, mais elle est charnière…

Mercredi Matin. On a perdu 15 ° dans la nuit. La pluie redouble d’intensité, mais ne dure pas. A Vingrau, au final, cela sera 15 à 20 mn, pas plus, et encore selon les secteurs. On prend. Enfin. Un dernier orage, léger, la nuit de mercredi à jeudi; dormant d’un sommeil de plomb, je n’entends rien, mais au matin, la route est mouillée pour la deuxième fois. Extra.

Merci, mon Dieu, cette pluie nous sauve. La vigne en avait vraiment besoin, certaines parcelles sont à l’agonie. Je n’exagère pas. Les jeunes vignes, mais aussi les vieilles, aucune eau ne les ayant arrosées depuis six mois.

Certaines ont presque «disjonctées», sacrifiant d’abord feuilles puis raisins, pour un excellente raison : survivre. Impossible de savoir précisément ce qu’il est tombé sur chaque terroir, ayant plus de 100 parcelles sur 25 km de rayon autour du domaine, ça ferait trop de pluviomètres à relever… Très inégal en tout cas. Sur l’année, sans doute un peu plus sur Calce, Lesquerde. Beaucoup moins sur Vingrau où, bien que la commune soit finalement petite, certains secteurs auront été plus arrosés que d’autres. Dans l’ensemble, ça va, mais certaines vignes ont souffert, parfois là où on ne s’y attendait pas, comme sur les versants nord, entre Vingrau et Tautavel.

A quoi ça ressemble ? C’est triste à voir, croyez moi…

Alors, un pied de Syrah, qui commence à flétrir, sur l’ensemble des grappes. Les raisins ne regonfleront pas, malgré l’eau.

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Une autre Syrah, jeune vigne, un peu plus normale, plantée sur un sol très pauvre qui a bien besoin d’être soulagée… Heureusement, ce ne sont que quelques pieds, en bout de rang : la concurrence avec les chênes verts qui bordent la parcelle est féroce, les vieilles vignes en bord de parcelle ont du mal à aouter, leur sarments sont plus fin que mon petit doigt. Terrain pauvre, rien à manger, quand une autre plante vous demande de partager l’eau, on ne doit pas être étonné qu’il y ait des conséquences.

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Enfin un Carignan d’au moins 70 ans enraciné dans l’argile, pourtant planté sur un terroir que je pensais ne jamais rien avoir à craindre, qui commence à défeuiller, à défaillir… La pluie lui fera un bien fou. Mais sur certains bras, il faudra trier car, c’est déjà très perceptible, le goût des raisins est TRES différent.

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Je m’en rend compte au fur et à mesure que la saison avance, la sécheresse de cette année est sans doute plus grave que celle de 2003… L’hiver 2015/2016 a été très sec, et, clairement, je comprends aujourd’hui que c’est ce qui a fait la différence. Dans la campagne, autour du village, les rares chênes blancs sont carrément morts… Les peupliers au fond des ravins défeuillent déjà, certains buis, qui survivaient par miracle sur la caillasse, sans terre de «fond», sont couleur rouille. C’est beau, mais c’est dramatique…

Le beau temps est annoncé, on va se dépêcher de rentrer tout cela, en mettant à terre tout ce qui est abîmé. Décision est prise de faire une cuve de tout le trop mûr, on verra bien ce que ça donnera. Vinifier, c’est s’adapter. Décidément, drôle d’année.

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