Vendanges 2017 – Day 1 – Vérité ou mensonge…


A un moment ou à un autre, la question se pose quand on écrit un blog. Un blog, c’est spécial. Une sorte de média-ragoût où se mêlent toutes sortes de motivations. Communiquer, bien sûr. Etre vu, sans doute. Informer, évidemment. Vendre, parfois. Il y a vingt ans, j’étais tombé à Montréal sur ce livre, qui m’avait interrogé, et, dans un sens, décidé. Merci le livre…

Il y avait, dans les raisons de bloguer, « Provoquer » et « Se définir ». J’étais passé à côté, à l’époque. Je comprends, aujourd’hui. J’avais noté « Se souvenir », finalement une motivation bien plus importante que je ne l’aurai cru. Etrangement, J’étais sûr d’y avoir vu  « Transmettre » et, pourtant, en retrouvant le livre et sa couverture, l’idée n’y figurait pas. Essentiel, pour moi, pourtant. Transmettre au lecteur, à vous, quelques manières différentes de voir le vin, le métier de vigneron, témoigner d’une époque. A mes enfants, aujourd’hui et surtout demain, qui sait ?

Ce livre est sans doute toujours intéressant. Il faudrait que je le retrouve. A l’époque, c’était pertinent. Encore que les blogs sur le vin n’ont jamais vraiment démarré, sans que je puisse expliquer pourquoi, tandis que la plupart de ceux qui avaient démarré sont morts ou catatoniques. Les vignerons ont trop de boulot. Et puis, le problème majeur du blog, c’est que c’est un format très étrange, qui oblige au dévoilement, qu’on le veuille ou non. Certains détestent ça, d’autres ont peur, d’autres encore hésitent, habitués à jongler parfois avec la vérité. Les vignerons ont, avouons le, je le sais désormais depuis que j’en suis un, parfois un peu de mal avec la réalité. Ils voudraient tous qu’on aime leur vin, qu’on les achète, que cela prouve qu’on aime leur travail, leur terroir, voir eux, parfois. Ce sont des petits mensonges, souvent anodins, beaucoup par omission, parce qu’ils ne veulent pas contrarier leurs clients qui, souvent, VEULENT croire eux aussi à bien d’étranges choses. Alors, tout le monde s’arrange et les malentendus perdurent. Cela convient à tout le monde.

Je  n’aime pas mentir, alors, il faut que je vous dise : C’est un peu étrange, mais j’ai commencé cette année à vendanger en regardant la marée monter et descendre sur une plage de la Manche….

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J’y prenais le frais (c’est rien de le dire cette année…), regardant quelques chevaux et leur sulky provoquer à la course des chars à voile. Et là, j’ai relevé le col de mon imper et j’ai eu la certitude qu’il fallait commencer. Avec 3 semaines d’avance – voire un mois – sur certains millésimes…

Peut-être la lune ? C’était le 8, alors que le jour se levait sur une pleine lune d’anthologie, celle de la nuit du 7 au 8 août…

La veille, j’avais fini mes calculs, refait plusieurs fois tant ils me semblaient fous…

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La force du capricorne alliée au feu du lion, alliance si rare, allait, je n’en doutais pas, passer cette nuit là dans le vin et lui donner énergie et lumière, tandis que Pluton, parfaitement positionnée, l’ancrerait quant à elle dans le temps. Mars, dans l’axe de Mercure, semblait promettre ce que tous les vignerons éveillés espèrent : un «ancrage dans la verticalité». Il était temps d’y aller, tant cette pleine lune était caractérisée de l’ère du Verseau…

Je plaisante, les amis, je plaisante (1)… La lune était forte (merci B.L. et ne m’en veux pas, s’il te plait 😉 mais surtout, l’année étonnement précoce : Du jamais vu en Roussillon disent les chiffres de la chambre d’agriculture. Alors, bien que loin, j’ai eu envie de rentrer quelques parcelles, histoire de leur garder fruit et fraicheur.

Compliqué.

Je venais de mettre tout le monde en vacances, ou presque, et donc, ça n’a pas été simple. Heureusement, il y avait la machine, cette année bien pratique, qui nous vendange chaque année quatre ou cinq hectares de Sorcières, et elle était libre. Merci aux trois chauffeurs amis qui ont conduit les bennes (toute vendange manuelle aurait été impossible, on les commence demain…) et «on» a donc rentré deux belles cuves de Syrah, aux fruits éclatants, plus noirs que rouges, sur la mûre et la myrtille, élégants et racés. Je le sais, on les décuve demain, car bien sûr, depuis, j’ai quitté la Manche et ses châteaux de sable, la mer les effaçant comme elle efface les pas des amants la la la…. Vendanger sans être là, à distance, un peu comme les orangers sur le sol Irlandais, je croyais qu’on ne le verrait jamais… Qui sait, peut-être un jour mon hologramme trônera t’il au milieu de ma cave… Bien que mort depuis longtemps, je sourirai alors aux touristes de passage, ma présence rassurant les enfants de mes enfants… Vivement le nouveau Blade Runner 2049, le 4 octobre, ça fera une belle occasion de fêter la fin des vendanges…

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Je l’avoue, puisqu’on se dit tout (ou presque…), j’ai remis, vous le voyez, ce billet à plus tard, à demain, puis au lendemain, hésitant à vous dire que j’avais, si l’on peut dire, vendangé en regardant la mer…

Mais quelle belle occasion d’ouvrir ce journal de vendanges 2017… Pourrais je à nouveau tenir le rythme ? Nous verrons bien. Allons !

(1) : Vous voyez bien que l’on peut raconter n’importe quoi dans le monde du vin… Continuons à croire au merveilleux…

P.S. : merci, cher Philippe, pour ces photos magnifiques à l’horizon redressé…

Un commentaire

  • Pierre Frendo
    24/08/2017 at 7:04 am

    Hum… Ce n’est pas très gentil pour les gens croyant dans les rythmes cosmiques ;-).

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