Vendanges 2018 – Jour 11 – Jour de pluie

On l’espérait. Elle était annoncée. On l’attendait. Le ciel s’est couvert, s’est noirci puis ce fut un festival d’une bonne centaine d’éclairs sur la plaine et la mer, digne d’un quatorze juillet. Là bas, il pleuvait, c’est sûr. A Vingrau, rien. Etrangement, la route était mouillée exactement au raz du panneau indiquant l’entrée du village.

A dix heures, fatigué de regarder le ciel et de rater mes photos (comment photographier les éclairs dans les nuages ?), j’ai sombré, n’espérant plus cette pluie qui aurait fait tant de bien.

Et puis, ploc, ploc, ploc, dans la nuit, elle m’a réveillé. J’ai remonté mon drap, j’ai souri. L’horloge du village s’est mise à sonner trois heures. Mon cerveau s’est mis presque instantanément à bouillonner, voulant commencer à analyser tout ce que cette pluie risquait de changer, allait changer. 10 mn ? 20 mn ? Plus ? A le suivre, j’étais parti pour un réveil vraiment précoce… Respire, vigneron, et rendors toi. Demain, on verra bien. Et, heureusement, je me suis rendormi.

Matin frais. 16°. Yes. Ciel couvert, un peu de vent, lumière magnifique.

Je vous ai fait des photos. Ont-elles vraiment besoin de commentaires ? Non, finalement… Grenache blanc centenaire, what else

Ils ont doré, les degrés ne sont pas trop élevés, étrangement, à peine 14°; pH 3,40, pas mal pour une année à l’acidité vraiment très basse… Ainsi dorés, leur aromatique va totalement changer. C’est comme ça que je les aime. Si vous en croquiez un grain, vous comprendriez…

L’équipe est rodée, à fond, la cadence soutenue et, au championnat du monde de vendanges manuelles, je vous assure qu’on ne serait pas les derniers… Dans les comportes et la benne, le raisin resplendit sous les rayon du soleil de dix heures.

Je passe à la Chique,  le pluviomètre annonce 15 à 20 mn. Parfait pour détendre les sols, alimenter les feuillages, faire du bien aux oliviers, augmenter un peu les rendements, si faibles ici, dans les vignes. Pas de quoi abimer les raisins ni changer la cinétique du millésime.

La terre est meuble, sombre apaisée.

La nature avait soif. Elle a bu. Elle est comme repue, un peu assommée, calme. On est heureux pour elle. La pluie va nous donner un peu de temps supplémentaire car certains haut de coteaux qui commençaient à défeuiller.

Sur la côte, on me parle de 50 mn, voire plus, à certains endroits. Là, cela aurait été franchement catastrophique. J’espère que mes collègues, plus précoces, avaient tout rentré.

Vive la vie.