Une semaine bio


Bio au supermarché, avec le changement de nom des yaourt au bifidus qui de « bio » vont s’appeler désormais « Activia ». Danone se serait bien passé de ce changement, mais, comme le raconte fort bien le site de l’Expansion, tout cela est la faute d’une directive européenne qui protège, fort légitimement d’ailleurs, les mots « bio », « écolo » et « organique ». Si le terme est protégé depuis le début des années 90 en Europe, Danone avait obtenu un sursis. Après avoir pris mon pack d’« activia » au rayon frais, je file au rayon bio, acheter un peu de lait de soja pour ma femme. Il occupe maintenant presque une allée entière, accompagné, j’en conviens, des produits de régime (en face, les confits d’oie… :). Si l’on ajoute à cela le coin « bio » aux fruits et légumes, on se rend compte de la percée que ce genre de produit a effectuée en grande distribution en moins de 10 ans.

Bio à Narbonne, au « salon des vins bio ». C’est ma première visite. J’y vais surtout pour livrer quelques vins à un ami vigneron avec qui nous échangeons quelques bouteilles. On est là, profitons en pour faire un tour. Il est loin le temps des vignerons bio en pantalon de lin et tunique en chanvre, échevelés, en révolte contre la société de consommation et le monde dans son ensemble. Ah, les années 70, les communautés dans le Luberon, le travail du cuir et la vente sur les marchés, le retour à la terre, le pain Lemaire et le pâté végétarien, à la « Vie Claire », le samedi matin, avec mon père. Toute mon enfance :)). A l’époque, faire germer des graines ou boire du magnésium vous faisait passer pour un fou dangereux. Aujourd’hui, le bio, ca va finir par être la norme en viticulture, et c’est très bien comme cela. Au salon, quelques vignerons réputés, d’autres au nom moins connu. Peu de clients dans les travées, il est tôt, mais apparemment des clients très motivés, venus là pour acheter. Une bonne ambiance, des vignerons motivés, passionnés, convaincus. Au « bar », on peut tout goûter, très vite. Je fais le grand Sud. Sur une trentaine de vins, seuls une petite dizaine d’entre eux me séduisent, deux ou trois me donnent envie d’aller voir le vigneron. Les autres n’ont certes plus certains défauts du bio des années 80, genre déviations aromatiques, hygiène douteuse, problèmes bactériens ou oxydation mal maitrisée, mais n’échappent pas aux tannins secs, à la dilution, au manque de fruit, à l’élevage sauvage et manquent dans l’ensemble de charme et de personnalité. Les bio sont des hommes ou plutôt des vignerons comme les autres. Leurs vins sont plus « naturels », sans doute, mais ils ne sont pas forcément meilleurs. J’ai beau le savoir, je suis toujours déçu. C’est comme une jolie femme que l’on voit dans la rue. Les hommes un peu naifs que nous sommes lui prêtent des qualités qu’elle n’a sans doute pas. Mais on aimerait qu’elles les aient…

Bio à Estagel. J’assiste à une réunion du conseiller agricole local qui a demandé à un expert de proposer des solutions pour encourager des viticulteurs en chimique à s’intéresser au bio. Dix personnes dans la salle, la crise actuelle n’encourage pas le changement… Le thème, en fait, c’est le mildiou. On a pas trop de problème avec le mildiou, ici, mais c’est intéressant. Pendant plusieurs années, l’ITV a tenté de trouver des solutions alternatives au cuivre, limité aujourd’hui à 6 KG/ha en bio et 3 kg/ha en conventionnel. A 1500 g/ha par traitement, c’est bien peu en climat océanique ou continental. Les techniciens ont tout essayé, du petit lait à l’eau oxygénée, en passant bien sûr par toutes les préparation bio-D ou les autres, parfois bien plus farfelues. Seules la prêle et l’ortie semblent, par leur propriétés élicitrices ou leur apport en oligo-éléments, améliorer un peu l’efficacité du cuivre. Pour le reste, rien. Nada. Nothing. Intéressant. Suit un long et passionnant exposé sur la bonne façon de l’utiliser, ce fameux cuivre, pour arriver à l’efficacité maximum avec la dose minimum, en fonction des précipitations, précisément reproduites en labo. Passionnant. Ca tombe bien, c’est à peu près comme ça qu’on faisait, après observation et discussions avec les vieux du village. Comme quoi, le bon sens, c’est très proche du bio. Et vice versa.

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