Changer ou rester immobile


Bon, pardon pour ce silence, mais beaucoup de boulot hier et peu de temps pour écrire.

Il a fallu préparer le garage pour la mise en bouteille de la semaine prochaine. Donc, il est urgent d’assembler et de changer de cave les « Clos des Fées » 2005.

Parfois, être ainsi « obligé » de manipuler mes vins, pour cause de locaux inadaptés, me pèse. Je me demande ce que je changerais si j’avais la chance, comme les grands crus, d’avoir un chai d’élevage de première année et un autre de deuxième année, tous deux climatisés. Et un maître de chais. Et, et, et…

Je pourrais ainsi décider précisément des moments de soutirage, des périodes où je bougerais le vin et celles où je ne ferais rien. Je pourrais décider de « nier » les saisons, en rallongeant l’hiver à ma guise ; ou en supprimant le printemps ou l’été à l’aide de mes climatiseurs ; ou en luttant contre le dessèchement de la tramontane et l’évaporation de mes vins avec un régulateur d’hygrométrie. Ce serait alors vraiment à moi de décider, et non, finalement, à la structure de mes locaux ou aux caprices du temps.

En même temps, je me demande alors ce que je changerais. Finalement, avec cette bonne aération de fin d’hiver et la remise sur lies ensuite, les vins ne sont-ils pas fort bons ? Seraient-ils meilleurs si je ne les touchais pas du tout ? Ou si, au contraire, je les soutirais 4 fois ? À chaque nouveau matériel qui rentre sur le domaine, à chaque « progrès » technique, je dois me poser la question : est-ce vraiment un progrès ? En ai-je vraiment besoin ou est-ce juste une envie un peu puérile ? Cela ne va-t-il pas « changer » mes vins ? Ce « changement » est-il vraiment nécessaire ? Souhaitable ? Positif ? Mes vins seront-ils vraiment « meilleurs » ou, finalement, est ce que ce soit disant « progrès » ne va-t-il pas me faire changer de « style », ce style qui me plait, a assuré notre succès et et ravi tant de nos clients ?

Le vigneron a-t-il vraiment vocation de toujours « s’améliorer » ? Sur quelle grille de valeur juge-t’on, d’ailleurs, la « progression ». Si c’est sur l’hygiène, la sécurité ou la diminution de la peine, la réponse est facile et évidente. Il n’en est pas de même pour bien d’autres choix. Ferais-je simplement les mêmes vins ailleurs ? Si je n’avais pas acheté cette maison, ce garage, mes vins seraient-ils les mêmes ? A cette simple question, je ne peux même pas apporter de réponse certaine. Alors, aux autres…

Comme on dit à Vingrau : « le vieux, il ne voulait pas mourir, certains que le lendemain, il aurait quelque chose à apprendre… »

Bon, au programme de la journée, déclaration d’arrachage et de plantation. Tout ce que j’aime…

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