Internet et le vigneron


Contre vents et marées, je continue à intervenir parfois sur quelques forums internet dédiés au vin.

Mes indications, mes avis, les informations que j’essaie de donner sont-elles utiles ? Je n’en sais rien, à vrai dire.

Ce n’est pas la question que j’ai envie de me poser ce soir. La question du soir, c’est « pourquoi sommes-nous si peu » ? Pourquoi seuls 5 ou 6 vignerons prennent-ils le temps de lire et d’intervenir sur les forums internet ?

Comment imaginer qu’un média, qui passe de 0 à 1 200 millions d’adeptes en dix ans, dont sans doute près ou plus de 20 millions en France aujourd’hui laisse les vignerons dans une absence presque totale de réaction, comme un lapin paralysé par les phares d’une voiture dans la nuit ?

Combien sommes-nous à tenter l’aventure du blog alors qu’il y en a des millions et des millions en France ? 8 ? 10 ?

Combien sommes-nous à intervenir sur les forum ? 8 ? 10 ?

Certes, l’amateur de vin ou celui qui se déclare comme tel sur Internet n’est pas d’usage facile.

Il boit parfois depuis quelques mois à peine et ne se gène pas pour autant pour hurler son goût avec force : « ce vin, c’est de la merde ! Cet œnologue célèbre, c’est un incapable ! Ce vigneron réputé, c’est un faiseur ! Cet autre, inconnu, c’est un ami, alors, qu’importe la qualité réelle de ses vins, ce sont pour moi les meilleurs du monde ! Ce vin, il est mauvais, mais il est «naturel », donc, il faut l’acheter ! ».

Sans respect aucun pour ceux qui, à travers des débats et des conseils, voudraient surtout apprendre comment boire mieux et au meilleur prix, ils se déchirent souvent entre eux, se moquent des autres, roulent dans la boue ceux qui ne goûtent pas comme eux, quand, pour les pires d’entres eux, ils ne passent pas leur temps à sous-entendre, ragoter, déformer, montrant ainsi ce que la nature humaine peut avoir de pire, parfois sans même s’en rendre compte.

Eux qui n’ont rien fait, jamais, pour la « planète » vin, n’ayant même pas le courage ou la générosité de participer aux articles sur le vin de Wikipédia, dont la rédaction est souvent assurée par des étrangers qui déforment à l’envie la vérité sur le vin français, eux qui n’ont jamais cultivé, vinifié ou vendu, se dépêchent, dès qu’un vigneron, un journaliste ou un professionnel intervient, de le renvoyer, parfois brutalement, dans ses buts, le décourageant très vite de la moindre intervention.

Le vigneron doit-il, pour autant, arrêter d’intervenir sur les forums ? Je ne crois pas. Au contraire. Quels que soient les risques, quelle que soit la difficulté, je crois que plus de vignerons devraient s’efforcer d’expliquer leur travail, leurs difficultés, leurs joies, leurs peines, et surtout toute la passion qu’ils éprouvent pour leur métier.

Étrillé comme un gamin dans une cour d’école par des jaloux et des aigris de voir des hiérarchies que l’on croyait indestructibles changer, plus pitoyables que drôles sur un forum, je suis critiqué ailleurs, sur une liste de discussion, pour des vins que pourtant j’ai mis tout mon cœur à produire. Je n’ai même pas droit à un commentaire de dégustation ou à une vraie critique, moqué sans doute plus violemment et plus injustement que si je n’intervenais pas sur la toile ou n’écrivait pas ce blog.

Que m’importe. J’ai la certitude, que, peut-être, grâce à mes vins et ma plume, j’aurais donné envie à quelques personnes d’ouvrir une bouteille ou de s’ouvrir eux-mêmes vers le vin, au lieu de tout faire, par mon agressivité, ma partialité, ma lâcheté, ou mon indifférence, pour les en éloigner.

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