Basel world


Comme promis, un mot sur le salon de Bâle.

Dans le hall 1, le hall principal, certains stands, ceux de Chopard, de Rolex, de Patek-Philippe par exemple (la liste serait trop longue…) sont de véritables buildings.

Des cubes d’au moins 20 mètres de côté, 10 mètres de haut, dont seul dépassent des gaines techniques qui assurent l’indépendance de chaque pavillon sur le plan énergétique. Chacun d’entre eux possède en effet ses propres climatiseurs sur le toit du bâtiment et ses cheminées pour gérer les odeurs et les fumées. Car à l’intérieur de certains d’entres eux, on trouve un véritable restaurant, avec des cuisines ultra modernes du niveau d’un étoilé michelin, bruissant d’un balai incessant de personnel, et dans lesquelles, bien souvent, un chef étoilé officie personnellement. Dans d’autres, deux ou trois étages de bureaux individuels où, parfois plus d’une centaine (!) de commerciaux ont des rendez vous, minutés, avec leurs clients du monde entier. Les stands (peut ont encore appeler cela des stands ? J’ai envie d’employer plutôt le mot « pavillon ») sont sublimement décorés, habillés tantôt de bois, tantôt de verre, tantôt d’acier. Des écrans plasma diffusent des films, pédagogiques ou publicitaires. Sur les côtés, des vitrines merveilleusement agencées présentent les nouveaux modèles de montre ou les nouvelles lignes de bijoux, pas vraiment fantaisie… Désolé, les photos étaient interdites, alors, j’ai rien à montrer.

Je l‘avoue, je reste saisi… Qui, dans le vin, pourrait se permettre aujourd’hui une telle débauche de luxe, d’excellence et de moyens en parallèle ? Qui peut aligner une telle force commerciale ? Une telle énergie marketing, dans le fond comme dans la forme ? De telles campagnes de communication ? Les photos ou les films de stars portant les bijoux de telle ou telle marque sont partout. Quand il n’y a pas, et c’est fréquent, un parteneriat affiché avec une vedette de cinéma ou un sportif de haut niveau. Je traîne dans le salon. Dans les stands, les gens sont charmants. C’est un peu normal, j’ai lu que certains d’entres eux réalisaient 80 % de leur chiffre d’affaire sur le salon. Il faut dire qu’il dure 10 jours. Je fais un saut vers l’un des hall dédié aux bijoux. Entre rivières de diamants et cascades de pierre précieuses de marques mondialement réputées, des dizaines et des dizaines de créateurs du monde entier essaient de percer, d’exister. A force de voir tant de choses aussi belles et aussi précieuses, j’ai l’impression que mes yeux eux aussi commencent à briller ;- )).

En une matinée, je n’aurais pu visiter qu’un hall et ½, et encore pas en totalité et au pas de course. 110 000 m2 d’expo, c’est immense. À Vinexpo, le plus grand salon mondial du vin, il y en a… 41 000.

C’est à se demander si, finalement, ce qu’il nous manque le plus, dans le monde du vin en général et en France en particulier, ce n’est pas tout simplement… de l’ambition.

Bon, convaincu que je suis un nain, comme d’habitude, je termine la matinée en écoutant les passionnantes explications d’un maître horloger de chez Blancpain. J’y découvre les détails incroyables des dernières montres dites « à grande complication ». Les horlogers continuent de créer. Une des dernières trouvailles des artisans du Brassus me fascine : grâce à un mécanisme dont vous pouvez imaginer sans peine l’incroyable complexité, une petite aiguille (celle avec le soleil sur la photo ci-dessous) indique la véritable heure solaire. Nous avons en effet choisi de vivre dans une heure « moyenne », parfois en avance, parfois en retard, sur la véritable heure solaire. Il arrive que, certains jours de l’année, les deux heures correspondent exactement. Ce sera par exemple le cas cette année le 1er septembre ou le 25 décembre… Le reste du temps, il y a toujours quelques… minutes d’écart. Et là, avec cette montre, cet écart, de quelques minutes seulement, vous et vous seul le connaissez.

C’est bien sûr totalement inutile, je suis tout à fait d’accord avec vous. Surtout lorsque l’on connaît le prix d’une telle montre, autour de 150 000 francs suisses (non, il n’y a pas de faute de frappe ;-)) (1). Mais j’ai une profonde admiration pour ces artisans qui consacrent leur vie, dans la solitude et sans doute beaucoup d’incompréhension en dehors de leur milieu professionnel, à peaufiner une mécanique dont la perfection ne sera de toute façon comprise et vue que par quelques êtres humains.

Le parallèle avec le vigneron à la recherche du moindre détail pouvant le rapprocher d’un vin « idéal » coule de source. J’entame une dernière discussion avec Monsieur Scheufele, propriétaire de Chopard et véritable passionné de vin (et de Clos des Fées, motif de notre présence ici ;-). On parle passion, importance du détail, artisanat, savoir faire, tour de main, entreprise : il y a plus de similitudes que de différences entre l’horloger d’art et le vigneron d’art… À ma modeste montre, il est, hélas, déjà temps de partir. Un dernier regard sur la « L.U.C. Régulator », à mouvement manuel et réserve de marche de 9 jours, dont les quatre barillets, véritable exploit horloger, assurent la précision du début à la fin de la détente du ressort. Je ne la porterai sans doute jamais (encore que, comme disait ma grand-mère, il ne faut jamais dire « fontaine, je ne boirais pas de ton eau » ;-)) mais cela ne m’empêche nullement de l’admirer et d’admirer surtout la passion qui anime ceux qui choisissent ce métier. Qui sait, peut-être, dans une autre vie, serais-je horloger ?

(1) Au fait, que boit un homme qui porte une montre à 96 000 euros ? Je serais curieux de le savoir…

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