S’arracher le cœur


Arracher des vignes, c’est s’arracher le cœur… Voilà à quoi je pensais, hier, pendant qu’un « monstre mécanique » labourait sauvagement un petit bout du Clos des Fées. Je vous ai fait des photos, d’ailleurs.

Accroché à un puissant tracteur, la sous-soleuse s’enfonce à plus d’un mètre, coupe la racine plongeante, puis expulse littéralement les vignes du sol avec le maximum de racines. C’est un peu comme l’arrachage d’une dent, en fait. Une chaîne, accrochée à l’engin de mort, finit d’extraire les vieux ceps afin que l’on puisse facilement les mettre en tas puis les brûler.

Je repensais, en tirant les souches, à mon amie Sophie, de Châteauneuf, qui me disait un jour qu’arracher des vignes était pour elle un stress phénoménal. Qu’elle avait l’impression de les tuer. De se sentir coupable. Je n’en suis pas là. Mais pas loin. Sophie, si tu me lis…

J’ai beaucoup arraché, dans ma courte vie de vigneron. Avant tout parce que, au début, on m’a toujours vendu des « lots », comme c’est un peu la tradition içi. Pour avoir une petite parcelle de « meilleur », j’étais obligé d’acheter beaucoup de « pire »… Parce que j’ai choisi aussi, longtemps, de ne faire que des vins rouges : j’ai donc arraché tous les maccabeu, cépage dont je n’ai jamais rien pu tirer de bon, à moins que simplement je n’ai pas su le prendre ou le comprendre. Parce que j’ai toujours acheté de très vieilles vignes, certaines moribondes, et que, malgré toute mon énergie et tous les moyens mis en œuvre, je n’ai pas pu toutes les sauver. Enfin, comme ce vieux carignan, tout simplement parce que mal planté ou mal sélectionné au départ (la sélection massale n’avait pas que des avantages….), il ne m’a jamais donné un raisin d’un niveau suffisant. En l’arrachant, j’ai eu peut être un début d’explication : tout le bout de la parcelle était étonnament humide. C’est une sorte de « mouillère » comme on dit ici, souterraine, où le tracteur a failli s’enliser. Au bout, caché sous la végétation, alors que tout est déjà bien sec, un puits, magnifique, est rempli à ras bord…

Cette parcelle ne sera jamais replantée. Elle va se reposer, se refaire, puis, sans doute, accueillir une autre culture.

Pourquoi pas des noisetiers, tiens.

C’est joli les noisetiers, Dans le Priorat, ils en ont plein.

C’est une bonne idée, les noisetiers… mais truffiers, bien sûr, on ne sait jamais ;-))

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