22, les douaniers !


Plusieurs jours sans nouvelles… Je sais, l’attente est insupportable…

Dans votre tête, les possibles se bousculent et les rumeurs vont bon train : « Il est à Cannes, pour une dégustation ultra-privée de Clos des Fées avec sa copine Sharon ;-)) ; « Passionné par le DaVinci Code, il passe ses journées à Rennes le Château, avec une petite pelle à la main et son air idiot habituel ;-)) » ; « Vexé par le commentaire de « lâche anonyme » sur sa ressemblance avec Obélix, il est en cure d’amaigrissement dans un endroit si reculé qu’internet n’est pas encore arrivé… ;-)).

Rien de tout cela, du travail, tout simplement. D’abord, une invasion de spam de la part d’un site internet de casino virtuel et, comment dire, par diverses offres de médicaments très « spécifiques » (A ce sujet, voir un modèle hilarant de réponseICI). Il m’a fallu comprendre, puis réagir, découvrir comment marchait un anti-spam sur le blog, l’installer, configurer les filtres (merci Christian…). C’est pas forcément très compliqué, surtout quand on sait… Mais quand on sait pas, faut apprendre, et c’est plus long, comme dirait le sage ;-))

Ensuite, vendredi dernier, contrôle surprise des douanes. Je ne sais pas vous, mais j’ai été tellement bien formaté par mon éducation, que même si je n’ai rien à me reprocher, ce genre de visite m’impressionne et me stresse un peu. Je ferais un très mauvais criminel, tant, à la moindre vue de l’autorité, j’ai une irrépréssible envie de soulager ma conscience. ;-)). Bon, je rigole, mais sur le coup, on était plutôt angoissés, Claudine et moi…

Bon, je vous rassure immédiatement, tout s’est bien passé. Mon casier viticole (1) était, après vérification soigneuse, parcelle par parcelle, conforme à ma déclaration de récolte. Les cahiers de DRM de Claudine étaient à jour. Mes stocks faciles à compter et cohérents. Mes inventaires de matières sèches disponibles, conformément à la législation en vigueur. Les douaniers, très professionnels, étaient impressionnants et assez fermés au départ, puis, finalement, devant la simplicité du contrôle et sa relative inutilité (je produis si peu, avec des rendements si bas, que tous les avantages d’une possible fraude semblent un peu dénuée de sens…), que nous avons parlé quelques minutes de la situation viticole, du pourquoi de certaines choses, de la difficulté à être parfaitement à jour de tous les papiers demandés par l’Administration française avec un grand A.

Il faut vous dire, si vous ne le savez pas, qu’il existe en France des « droits de circulation » sur tout ce qui contient de l’alcool et donc sur les vins. A 3,40 euros l’hectolitre (pour les VDN ou les VDL, c’est plus cher), ce n’est pas grand chose, avouons-le, d’autant que cela ne concerne que les vins qui circulent en France et non ceux qui partent à l’export ; ils ont leur propre taxation qui dépend du pays de destination. En France, si le vigneron s’est acquitté de ces droits, votre bouteille porte une capsule dite « fiscale » qui, sur son sommet, montre fièrement une tête de Marianne.

Bon, rien à redire à cela, finalement.

Sauf quand on mesure les frais, les soucis, les papiers que la gestion de ces droits représentent, on peut se poser la question qui tue : Je ne paie que quelques centaines d’euros par an, alors pourquoi cela me coûte sans doute dix ou vingt fois plus en :

– papiers à aller chercher 5 par 5, pas plus, (les D.S.A., Document Simplifiés d’Accompagnement), à 20 km de chez moi, qui doivent accompagner le plus modexte envoi à l’export ;

– lesdit papiers à remplir, à envoyer, renvoyer, recevoir, tamponner, archiver ;

– registres à remplir, tous les mois (DRM, Déclaration Récapitulative Mensuelle), DEB (Déclaration d’echanges de biens) puis tous les ans (Déclaration de Stock) ;

– inventaires et autres calculs savants pour calculer les montants de mes pertes (évaporation, soutirages, lies, échantillons, etc.) pour savoir si elles sont « taxables » ou « non-taxables » ;

– en gestion de mes capsules, ce qui m’oblige à tenter de prévoir, des mois avant, si mes vins vont être vendus en France ou à l’export ;

– en tentatives pour me tenir au courant de lois qui, dans ce domaine, changent tous les six mois ou presque depuis que j’ai commencé, les Douanes étant en état de réforme quasi permanents depuis 10 ans…

Bon, c’est la France, il y fait bon vivre, et, une fois que l’on sait tout cela, on s’y fait. Je vous passe les papiers pour arracher, replanter, la déclaration de récolte, les labels (l’INAO, l’ONIVINS), ce serait trop, on en parlera en temps utile… ;-))

Un peu de nostalgie m’assaille quand même : mon voisin, Michel, me raconte sa jeunesse où, à quelques exceptions près, il ne remplissait aucun papier… Comment en sommes nous arrivés là ? Voilà la question que, sans nul doute, certains historiens se poseront un jour…

P.S. : au fait, pourquoi 22 pour avertir quand la police arrive ? La réponse (une, en tout cas…), ICI ;-))

(1) C’est la liste des parcelles que j’exploite. Je la tiens sur un tableur, assez élégamment, je crois, au point d’impressionner le contrôleur. Un de ces jours, faites-moi penser à mettre le document en téléchargement, au cas où cela pourrait aider un vigneron ou deux.

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