L’honneur perdu des journalistes français


Saut de puce à Bâle depuis Zurich. Désolé, je ne vous le fais pas dans l’ordre.

Déjeuner rapide à la brasserie des « Trois Rois », un hôtel historique qui vient d’être magniquement et entièrement refait par un milliardaire amoureux des belles choses.

Sur le carte, un Châteauneuf-du-Pape 2002 nous fait de l’œil. Ca tombe bien, en plus, c’est celui d’une amie, Sophie Estévenin, du Domaine de Marcoux.

On nous le sert. On le boit. Non de D…, quel beau vin ! Notre importateur nous explique que Sophie et sa sœur ont déclassé une grande partie de la récolte en vin de table, n’ont pas fait de haut de gamme cette année là (un vin culte, le fameux « vieilles vignes ») , ont décidé de plus un prix très doux, une quinzaine d’euros, je crois. Le vin est délicieux-génial-super. Prêt à boire en ayant pourtant encore un beau potentiel. La température est bonne, la bouteille descend comme si elle avait un trou au cul ;-)) Du fruit, un équilibre magnifique, de la fraîcheur, de la complexité…

Alors, tout d’un coup, je m’énerve un peu : comment se fait-il que PERSONNE, dans la presse, n’ai pris la défense de ce millésime ? Après que Bob ait failli être emporté par les orages, il a pris le millésime en grippe, ce que je peux comprendre. Mais aux USA ou ailleurs, personne n’a osé, encore une fois, le contredire. Le millésime a été accusé, jugé, condamné par la simple rumeur. Certes, il était difficile. Mais les bons producteurs, et il y a en une tripotée dans cette région, ont fait des efforts insensés !

Croyez vous qu’un journaliste français aurait, lui, fait l’effort, à la mise en bouteilles, d’organiser une belle dégustation pour sortir du lot une trentaine de propriétés qui méritaient que leurs vins s’arrachent, tant ils étaient bon et pas chers ? Moi, en tout cas, l’article, je ne l’ai pas vu. Et pratiquement dans le monde entier, vendre un 2002 fut un chemin de croix, alors que beaucoup de vins étaient délicieux et permettaient de plus d’attendre la maturité des grands millésimes. Une aberration. Un scandale. Une honte. Heureusement que le ridicule ne tue pas.

Et de la même façon, aujourd’hui, le millésime 2005 ne peut être que « fantastique » ou « merveilleux » et que personne, en dehors des forums internet, ne se permettra de trouver que certains prix s’annoncent pour le moins exagérés.

Pour une fois, voilà que je regrette ne ne plus être journaliste. Dans certaines écoles, on devrait surtout apprendre à avoir des couilles…

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