Allez, ce soir, je fulmine…


J’aime bien ce verbe, « fulminer ».

Pour un journaliste de « Challenges », qui m’a passé un coup de fil la semaine dernière, c’est ce que j’ai fait apparremment au téléphone quand il m’a posé certaines questions. Il a sans doute raison et il me cite dans son article de cette semaine. Du coup, j’ai recherché la définition exacte du mot, sur le dictionnaire. C’est ICI, pour ceux qui voudraient apprendre un truc aujourd’hui. J’ai une forte tendance à exprimer ma passion pour le vin ou certaines de mes opinions sur la situation actuelle de la filière en… fulminant un peu, je l’avoue. Je me soigne. Plus jeune, je crois que je fulminais encore plus violemment, plus souvent et parfois un peu hors de propos ;-)). Avec l’âge, je m’améliore. Mais tiens à fulminer encore de temps en temps, parce que sinon, c’est que j’aurais perdu quelque chose, que je serais vieux, peut-être…

Qu’est ce qui me fait donc fulminer, en ce moment ?

La condamnation de Georges Dubœuf, par exemple, entraîné au procès et condamné pour avoir malancontreusement assemblé des raisins en provenance de différents crus du Beaujolais. Une erreur, peut-être. Une négligence, sans aucun doute. Une malveillance, peut-être. Mais en aucun cas une fraude volontaire. Un homme qui passe en une vie de zéro à 30 millions de bouteilles, croyez moi, s’il veut frauder, c’est pas demain la veille qu’on va l’attraper.

Je lis dans la presse que l’entreprise Georges Dubœuf, c’est 30 millions de bouteilles… 500 000 bouteilles par semaine… De Beaujolais et d’autres vins, sous sa marque, une marque de confiance pour des millions d’amateurs de vin. Dans le monde entier. Combien d’emplois directs et indirects créés ? Combien de devises ramenées vers la France ? Combien d’investissements, retombant directement sur des entreprises locales ? Combien d’impôts payés à la collectivité ? Et voilà qu’un fonctionnaire qui n’a jamais vendu une bouteille de vin de sa vie, qui ne comprend rien à l’économie du secteur, qui ne boit si ca se trouve même pas de vins, le voilà, ce brave homme, pour faire respecter à la lettre un règlement, en train d’entacher la réputation et l’honneur d’un entrepreneur hors du commun.

Ne pouvait-on faire autrement ? Ne pouvait-on pas lui taper sur les doigts, discrètement ? Faire distiller, à la limite, ce précieux nectar qui n’a pour problèmes que de mélanger des raisins venus des quatres coins du beaujolais ? Lui mettre une belle amende, allez, histoire de justifier son salaire ? Non, il fallait un procés, une condamnation, une médiatisation de l’affaire.

Combien as tu fait perdre à ta région, au système des AOC en général, à l’image du vin français, oh, homme dont je ne saurais jamais le nom, arcbouté sur un réglement aussi rigide que toi et dont tu as oublié l’esprit au profit du dogme ? Nul ne le saura jamais. N’aurais tu pu faire l’opération de la feuille blanche, avant d’attaquer, toutes griffes dehors, trop content de pouvoir enfin « te taper du Dubœuf » ? C’est simple. On prend une feuille. On trace un trait vertical de haut en bas. A droite, ce qu’il a fait de bien. A gauche, ce qu’il a fait de mal. En bas, on additionne. On compare les totaux. Et après, on décide…

Mais non, on est en France, l’entrepreneur qui part de rien et ne doit sa réussite qu’à lui même, c’est l’ennemi. Alors, haro…

Ce qui me fait fulminer, c’est que ce vin, il n’a même pas été vendu. Que donc, le consommateur comme la Société avec un grand S n’a subit aucun préjudice. Que, ailleurs, fleurissent partout des articles, des rapports, des études qui disent en résumé : pour sauver des milliers de viticulteurs français, il faut créer des marques de qualité. Exactement ce qu’a fait Georges Dubœuf.

Alors, voyez vous, quand on le condamne pour une erreur sans conséquence (la première fois, on fait toujours une erreur, c’est à la deuxième que ca devient une faute…), alors que dans toutes les caves et les régions de France le raisin valse allègrement entre les appellations, que dans la plupart des caves coopératives, on fait bien pire que de mélanger des AOC entre elles, ou que certains négociants fraudent ouvertement, au yeux de tous, mais qu’ils sont trop puissants pour qu’on viennent les embêter parce que ca dérèglerait le marché, alors là, oui, je fulmine.

Et je suis fier, d’ailleurs, de fulminer. Si on était un peu plus à fulminer, peut-être que la filière irait mieux. Bon, voilà, je l’ai dit.

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