Premier grand tour des vignes


Cette semaine, premier tour complet des vignes.

Il faut plus de 5 heures pour le faire… Imaginez une bonne centaine de parcelles, de 5 ares à 2,50 ha, réparties dans un cercle de 25 km de diamètre, dont la maison serait à peu près le centre. Beaucoup de voiture, donc, puis pas mal de marche à pied pour voir tantôt le bout, tantôt le bas, tantôt le haut de chaque vigne. J’ai ressorti les chaussures de marche, afin de ne pas me tordre les chevilles dans les cailloux et, au retour, sur mes chaussettes, comme chaque année à cette époque, des centaines de petites boules accrochées tel des Velcro, qu’il faut patiemment arracher une à une…

Que je vous le dise tout de suite, les vignes sont magnifiques. Pas une trace de maladie. Des rendements maîtrisés sans avoir eu un raisin à faire tomber. Parfaite gestion de l’herbe, encore présente mais jamais envahissante. Des couleurs de feuille d’un beau vert pâle, signe que la vigne n’est ni « trop grasse », ni « trop maigre ». Peu de marques de carences en oligo-éléments, très visibles sur le feuillage en cette saison. Moins d’Esca. Un seul pied de flavescence dorée, immédiatement coupé, dans une zone à risque, entourée de voisins qui ont baissé les bras et abandonnent petit à petit leurs vignes. Les travaux en vert ont été faits parfaitement, précisément, au point que dans la plupart des cas, on dirait que la vigne n’a pas été touchée. Une « frappe chirurgicale », pensais-je en conduisant. Chaque parcelle a eu son traitement particulier, certaines pas touchées du tout, d’autre juste ébourgeonnées, d’autres effeuillées au centre du gobelet, d’autres où on a enlevé juste quelques entrecœurs. Je suis impressionné par le travail de mon équipe. Admiratif, même. Et très reconnaissant.

Bon, bien sûr, je peux me plaindre, si vous insistez. Il y a bien quelques problèmes de gestion de la potasse, présente dans le sol, mais que la vigne n’arrive pas à utiliser à cause de l’hiver pluvieux et de la terrible sécheresse qui a suivi. Certains plantiers de deux ou trois ans souffrent de la sécheresse et, s’il ne pleut pas dans la semaine, il faudra sans doute faire tomber les rares grappes qu’ils tentent de mener à leur terme. Il reste quelques grappillons à enlever sur une parcelle de Carignan, qui, suite à un rognage pourtant très doux, a décidé de créer une nouvelle génération de grapillons qu’il faudra faire tomber. Et il faudrait sans doute faire un dernier passage au lieu-dit « La Cresse », pour, sur quelques vignes, soulager de deux ou trois grappes les quelques jeunes vignes qui ont du mal à vérer. Je vous ai fait une photo, au fait (les taches de « rouille », sur le bord des feuilles, c’est ça, la marque de la potasse mal assimilée) :

Oh, ne vous méprenez pas, dans les vignes, j’y suis tout le temps. Un jour un secteur, un jour un autre. Mais le premier grand tour, c’est un rite, un moment bien précis où, pour la première fois, je commence à me prendre pour une grive et à goûter les raisins. Les Syrah sont encore d’une acidité redoutable mais certains grenache, sur les terroirs les plus précoces, sont déjà « doux », comme on dit ici. Et les terroirs commencent à parler, mai j’en reparlerai… Au prochain tour, je ramènerai même sans doute à la maison quelques grappes de muscat doré, nouvelle indication du fait que les vendanges approchent…

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