Derniers jours


J’aurais aimé être plus actif sur ce blog, croyez moi, pendant ces vendanges. Mais les petits problèmes quotidiens, l’angoisse, la fatigue, tout cela ne m’a pas permis de vous raconter au jour le jour mes aventures automnales, si aventures il y a. Un jour peut-être, qui sais, plus détaché de la marche du domaine, je me contenterai d’observer, d’écrire, voire de filmer, de tenir un vrai « journal de bord », quoi. Bon, ce jour là est bien loin, je le crains (et je m’en réjouis, je suis encore jeune !), et, à la veille sans doute de terminer les vendanges, je trouve enfin un moment pour bavasser sur le web.

Je ne sais pas si ce à quoi je pense, au jour le jour, est bien intéressant. Hier, par exemple, j’ai du faire changer les deux pneus avant de ma voiture, en urgence, tant ils étaient usés et abimés par les chemins de terre. Avec étonnement, je me suis alors rendu compte que j’aurais fait plus de 2 500 km pendant ces vendanges… Incroyable. Avoir un foncier aussi morcellé (plus de 90 parcelles sur 25 km de rayon, avec comme point central la maison) oblige à des déplacements incessants, au départ pour juger de la maturité des raisins, ensuite pour vendanger, pour organiser, pour transporter des vendangeurs égarés, aller acheter un bout de tuyau indispensable ou changer une pièce cassée.

Cette incroyable diversité de cépages et d’expositions, je ne l’ai ni voulu, ni consciemment organisée. Elle s’est faite toute seule, au gré des coups de foudre, des opportunité, des remembrements. Devant une parcelle irrésistible bien qu’innacessible ou presque, je me suis toujours dit « et si on t’offrait un bout de Montrachet ou 20 ares de la butte de Pétrus, combien de kilomètres serais-tu prêt à faire, chaque semaine, pour les cultiver ? » Et ton voisin, Michel, combien de kilomètres à pied faisait-il, dans les années 40, pour rejoindre simplement certaines de ses parcelles, le matin ? 3, 4, parfois 7… Alors, qu’importe 20 minutes de voiture. Tout au long de l’année, pour les traitements et les travaux de la vigne, c’est un peu la galère. Pour les vendanges, c’est le souk… ;-). On se déplace d’une parcelle à l’autre, parfois plus d’une heure, voire deux, certains jours, d’un temps de transport qu’il faut bien sûr payer aux vendangeurs qui seront de plus défrayés, et c’est bien normal, quand ils utilisent leur véhicule personnel.

Mais au final, le plaisir d’assembler autant d’expressions de raisins différents, de jouer sur les infinies variations de maturité, de rendements, de goût, de fruit et d’équilibre est en fait l’un de mes plus grands plaisirs. Et aussi, je le crois sincèrement, l’un des secrets de la qualité et de la personnalité de nos vins.

Un petit cadeau pour les lecteurs qui vivent en ville. C’est un lever de soleil sur Vingrau, hier matin. Et c’était franchement grandiose…

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