Le jour d’après


Vous avez vu le film ? Quand un raz-de-marée d’eau puis de glace transforme une bonne partie du globe en banquise ? Alors, vous avez vu la tête des rescapés, quand le soleil revient et que quelques-uns voient arriver l’hélicoptère qui va les sauver… Et donc, vous devriez pouvoir sans peine imaginer celle de tout le personnel du domaine et du Bizeul en particulier, dimanche matin, le « jour d’après » la fin des vendanges…

En dehors bien sûr du fait que physiquement, je ne ressemble que très vaguement à Dennis Quaid (encore que comme lui, si, si, j’ai deux jambes, deux bras, deux oreilles, etc. ;-))), je crois que mon état général faisait peine à voir. Le dos cassé, les articulations douloureuses, la démarche et le regard hébété (parfaits pour tourner dans « l’invasion des profanateurs de sépultures » sans même avoir besoin d’un quelconque maquillage ;-)), je dois vous avouer que je n’en menais pas large, confondant les mots, me cognant dans les meubles, allant dans une pièce de la maison pour chercher quelque chose, chose qui m’était sortie de la tête une fois arrivé dans la dite pièce…

On ne ressort jamais indemne d’une vendange au Clos des Fées. Je ne sais pas comment c’est ailleurs, mais ici, c’est un mélange de bataille napoléonienne, de « Koh-Lanta » et d’entraînement pour les forces spéciales. Tout le monde s’engage totalement, ne compte plus ses heures, sa peine, ses efforts, son stress et, au final, on en ressort comme d’une grosse lessiveuse… lessivé, essoré, prêt à être étendu sur un fil en espérant que le vent et le soleil vous redonnent quelques forces.

Chaque année, je me dis que je vais me ménager mais, devant un camion à décharger, une comporte à porter, un tuyau à passer, je craque et, au final, tout cela me rappelle que je n’ai plus 20 ans…

Bon, il est évident que je dois beaucoup à la performance incroyable de l’équipe de permanents du domaine (Serge, Jean-Dominique, Corinne, Fabien, Bruno, Yves, Edouard, Mietec, Louisa) qui donnent le rythme et sont toujours devant tout le monde, quelque soit l’heure et la météo. Que le monde entier sache grâce à ce blog combien je suis reconnaissant et fier d’eux, de leur courage, de leur vitesse, de leur habileté, de leur force de caractère… Merci aussi aux saisonniers qui ont tenu le coup (les éliminations lors du « conseil » du premier soir ont été chaque jour fort nombreuses…). Ils sont maintenant capables à leur tour de donner le rythme à une équipe dans n’importe quel autre domaine…

Dimanche calme, donc, à tenter de reprendre pied dans la réalité, à retrouver un rythme plus humain, plus normal. On signalera une bonne dizaine de tentatives pour écrire ce billet, toutes avortées… Après une autre nuit à 12 heures de sommeil, aujourd’hui, journée paperasse avec d’innombrables papiers à signer, à tamponner, à contrôler. Berk !

Et bien sûr dégustation des moûts, contrôles, réflexions, décisions. Mais ça, ce n’est pas du travail, c’est de la passion à l’état pur…

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