Période sans


Plusieurs raisons à ce long silence, chers amis. D’abord et principalement une panne d’internet. Bon, tout le monde a connu ça au moins une fois dans sa courte vie d’internaute, alors, pas vraiment la peine de vous raconter ma matinée perdue : un support technique impossible à joindre, dans l’ensemble incompétent jusqu’au moment où l’on trouve la perle rare, et de plus énervé ce matin là parce que son informatique interne ne fonctionnait pas, méprisant au possible dès qu’on leur annonce qu’on travaille sur un macintosh, vous accusant de tous les maux avant enfin de reconnaître, vu le nombre de problèmes dans le village, que c’est peut-être un problème de ligne, de carte ou de standard. Au total, j’aurais composé une bonne dizaine de fois le 3901, le nouveau n° « pannes » de France Télécom et donc fait par là même plus d’une dizaine de fois le parcours « si… tapez 1, sinon tapez 2 ». Mais vous connaissez, alors, inutile de vous raconter l’énervement teinté de désespoir qui vous fait changer de couleur au fil des 0,34 cts d’euro la minute, ce qui explique peut-être pourquoi ça s’appelle maintenant «Orange » ;-))

Bon, depuis quelques minutes, ça remarche (un simple switch de carte défectueuse au standard local…), et je vais pouvoir poster ce billet.

Pour autant, France Télécom. n’est pas la seule responsable de ces quelques jours « d’absence ». J’avais bien le temps d’écrire mais les sujets que j’avais envie de traiter et le ton que j’étais tenté d’employer étaient plutôt ceux d’une rubrique de journal engagé et non celui de ce blog. Pas mal de sujets d’actualité m’ont en effet donné envie de me révolter, depuis quelques jours. Je vous les cite en vrac et en « brèves », à vous d’imaginer à quoi vous avez échappé :

– le gouvernement veut augmenter le nombre « d’abstinents », dixit les déclarations d’un de nos grands technocrates. Rien à rajouter à ce billet, tout y est, malheureusement.

– Ca y est, c’est fait, on nous oblige à mettre un pictogramme d’avertissement destiné aux femmes enceintes sur toutes les bouteilles, de l’alcool fort aux vins de table, en passant par les grands crus. Les fœtus menacés par la consommation immodérée et régulière d’Yquem ou de petite Sibérie, il y aurait de quoi rire si ce n’était pas aussi sérieux et officiel. Que l’on veuille protéger les bébés de malformations, tout le monde est pour. Que l’on fasse preuve pour cela de la plus totale démagogie, pensant qu’un pictogramme empêchera les alcooliques désespérées de consommer, en mettant de plus dans le même sac l’alcool pur et les vins d’AOC, c’est ridicule. Mais bon, on a obligé les producteurs à mettre un pictogramme, alors, on n’est plus responsable de la misère humaine, celle qui pousse des femmes à se mettre minable alors qu’elles sont enceintes. Surtout, n’éduquons pas… Au passage, on remarquera la laideur repoussante dudit pictogramme qui a du être fait dans l’urgence, sur un coin de table par un quelconque sous-fifre. Pitoyable.

– l’INAO n’a toujours pas de président. Pas de capitaine. Pas de stratégie. Et donc, l’AOC dérive doucement au gré des courants. Ce merveilleux concept, foulé au pied, est le cadet des soucis de nos dirigeants (qui Chirac emmène t’il en Chine ? Tout est dit..). Pendant ce temps, alors que tout le monde reconnaît qu’il y a trop d’AOC, on continue à en créer tous les mois ou presque. Deux ou trois ce mois-ci (Orléans et d’autres que j’ai déjà oublié…), deux nouveaux vins de pays et pas des moindres (en Beaujolais et en Aquitaine) et plein d’autres en préparation, des petites, à l’échelle d’un village ((Maury, près d’ici…), et des immenses, dont une qui me touche plus particulièrement, la fameuse AOC Languedoc, serpent de mer dont personne ne sait vraiment à quoi elle servira ni avec quel argent on la lancera, mais bon, c’est pas grave, on la fait quand même. Ah oui, sans oublier les derniers VDQS qui vont bien choisir l’AOC dans le cadre de la réforme de la flière. J’en reparlerai, fatalement. Combien d’AOC à terme ? 500, 700, pourquoi pas 1000 pour pousser le délire à son paroxisme ? l’AOC et le Bac, même combat : tout le monde l’a et donc, l’avoir ou pas n’a plus de sens ni de valeur ;-(

– vu de l’étranger, (c’est ICI, c’est amusant et instructif) tout cela donne l’impression de la plus totale et complète désorganisation, d’une ambiance crépusculaire de prohibitionnisme rampant et, plus grave, d’une piètre qualité des vins français. Pendant ce temps, le roi d’Espagne inaugure avec volupté et un plaisir non dissimulé une winerie ultra moderne, son gouvernement choisi quelques viticulteurs d’élite et de prestige pour faire un tour du monde promotionnel, les américains de la Napa s’installent peut à peu comme les véritables défenseusr du concept d’AOC et les chiliens et les australiens réfléchissent comment ils pourraient s’approprier le concept de terroir. Nous, on cherche toujours à créer d’hypothétiques « marques mondiales », ce qu’il fallait faire il y a dix ans mais que sans doute pas ce qu’il faudrait faire aujourd’hui pour « dans dix ans ».

– les copeaux arrivent, dans le plus grand fouillis médiatique qui soit. Deux reportages au journaux de treize heure de France 2 et de TF1, que j’ai vu par le plus grand des hasards, annoncent qu’ils sont autorisés, sans du tout en expliquer les avantages et les inconvénients. Quelques jours plus tard, l’INAO décrète qu’ils seront interdits dans les AOC. Qui peut comprendre, franchement, dans le grand public ? Qui s’occupe, en réalité, de la communication des AOC ? Personne, j’en ai peur. Où sont les experts, d’ailleurs, où sont les essais, les résultats ? N’importe qui dit n’importe quoi, tout le monde s’en fout, en fait. Tout ce qu’on fait, c’est dire que ca va diminuer les coûts de production et qu’on va faire du vin moins cher. Toujours médiocre, mais moins cher… Car comme dirait l’autre, si tu mets des copeaux dans un vin de m…., le résultat, c’est un vin de m… avec le goût des copeaux ;-))

– Se battre toujours dans le bas de gamme, détruire de la valeur, c’est le thème du billet du bon Jacques Berhomeau qui, tout en s’affirmant comme le chevalier blanc incompris du vin de table « industriel », seule solution selon lui à la crise française, grand pourfendeur des vins trop chers, amateur de vins « populaires », dénonce avec fougue la « destruction de valeur« . Après un petit séjour à l’Hermitage (1 millions d’euro l’hectare quand même, quand il y a quelque chose à vendre) ou il a pris le bon air à 100 mètres de l’autoroute A7 et de la voie de chemin de fer, notre BoBo de service s’émeut avec un talent d’écriture certain de la déliquescence de la critique gastronomique (en induisant bien sûr qu’il en est de même pour le vin…). Critiquez, critiquez, il en restera toujours un « y’a qu’a, faut qu’on » qui n’engage que celui qui critique. Il faut lire son blog, vraiment, c’est trop typique d’une forme de pensée incroyablement caractéristique des « élites » de la république.

Ce qui arrive au vin français (et surtout ce qui lui arriver…), on l’aura bien mérité…

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