Le mot de la fin


Bon, le vrai problème d’un blog de vigneron, c’est qu’on a toujours un train de retard. On ne veut pas écrire n’importe quoi ni n’importe comment (enfin moi, en tout cas ;-), alors, le soir, on essaie de mettre en ligne un billet auquel on a pensé dans la journée, on le commence parfois même, et puis… la fatigue vous prend et on remet au lendemain… Et demain, dans un blog comme ailleurs, c’est souvent jamais, car le moment, l’intérêt, la saison, l’actualité est passée. Beaucoup de billets se perdent ainsi en chemin. Ils renaîtront sans doute l’année prochaine ;-) Avec beaucoup de retard, donc, il me faut bien, comme tout le monde, annoncer la fin des vendanges au Clos des Fées, le 2 octobre, sous une belle journée au départ, menaçante ensuite, et le 3 octobre, pour Walden, dans une journée de brouillard à couper au couteau, sur les hauts d’Opoul, près du village abandonné de Périllos.

Dans ce coin « lunaire » ou le carbonate de calcium règne en maitre et réagit au quart de tour au moindre changement de température, quelques vallées sont cultivées et, un jour comme ça, il faut avant tout d’abord arriver à les retrouver si on veut les vendanger, en ne se perdant pas sur un chemin de terre ;-).

Je vous ai fait une photo, pour l’ambiance.

Terroir très tardif, donc, qui apporte toujours un petit plus à l’assemblage, même si les raisins n’étaient pas totalement à maturité (justement, en fait ;-), surtout dans un grand millésime très mûr comme l’est 2007. Nous aurions pu encore attendre, mais à quoi bon. Le temps avait changé, les raisins étaient mûrs, la vigne au bout de son cycle, la pluie arrivait et, quoi qu’en disent certains, un raisin qui a pris la pluie, c’est pas pareil…

« La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a », comme me disait avec sagesse ma grand-mère, et je suis de plus en plus persuadé que vouloir faire sortir un « grand vin » d’un terroir ou d’une vigne qui ne le peut pas ou ne le veut pas, n’est pas la solution. Comme d’ailleurs de vouloir absolument produire le même « grand » vin chaque année, ce qui est quand on y pense quelque chose de « contre nature, » vite lassant. Je suis de plus en plus décidé de tenter, avant tout, d’exprimer simplement le souvenir et « l’esprit » d’une de ces courtes années que j’aurais passées à vinifier. Relativement protégé de la ridicule compétition actuelle à laquelle se soumettent tant de grands crus, à Bordeaux ou ailleurs, en cherchant à rentrer dans une norme qui les condamne à terme, je peux encore me permettre de garder ma personnalité et de faire un vin qui, qu’il plaise ou non, ait un brin de personnalité et cultive sa différence. Youpi. Double Youpi.

Sur ce, me voilà encore à philosopher à 6 heures du matin, alors que je ne pensais que mettre la photo… Je file…

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