Une année à cigales


Comme tout n’est jamais ni noir ni blanc dans ce bas monde, les cigales envahissent l’oliveraie dans une proportion encore jamais vue.

En se promenant, on peut voir des dizaines et des dizaines de cigales par olivier, ce qui fait qu’il doit y en avoir des centaines de milliers qui, dès que l’on bouge quelques branches, vous sautent gentiment dessus puis restent sagement accrochées à vos cheveux ou à votre polo. Ces symboles de la Provence ne vivent qu’entre un mois et un mois et demi, selon les espèces, et leur cycle de vie sera donc terminé au moment de la récolte des Lucques (qui s’annoncent précoces cette année), fort heureusement car on ne compte plus les personnes qui ont la phobie des insectes. Il parait que l’on a l’une ou l’autre : les serpents ou les insectes. Quelqu’un confirme ?

En tout cas, même si on sait que les petites bêtes ne mangent pas les GROSSES ;-), avoir sur ses vêtements une dizaine de cigales de 5 cm de long (on ne fait rien à moitié, dans le Roussillon ;-), c’est une expérience certes romantique mais peu agréable, d’autant que ces petites bêtes vous projettent un liquide de défense au passage qui n’est autre qu’un petit jet  d’urine…

Comme l’oliveraie est en courbe de niveau, impossible de labourer. Les cigales trouvent alors un terrain favorable pour pondre leurs larves, qui, ensuite, passent plusieurs mois voire plusieurs années dans le sol, selon les espèces, connectées aux racines à qui elles ne font pas grand mal. Dès qu’il fait chaud, elles sortent, par ce genre de trous, après un cheminement souterrain de parfois plus de 40 cm…

Le trou fait plus de 2 cm de diamètre et est parfaitement solide, la larve l’ayant « cimenté » sur toute sa longueur en l’enduisant d’une boue, d’un mortier solide fait d’urine et d’argile. Blottie à quelques centimètres de la surface, elle attend que les conditions climatiques soient favorables.

Puis la grosse larve humide, encore gonflée de la sève volée à l’arbre, grimpe sur le support le plus proche et entame sa mue

Se détachant comme si elle était munie d’une fermeture éclair parfaitement rectiligne, elle entame sa mue imaginale, c’est à dire sa dernière, sort d’un beau vert d’abord, puis devient noire peu à peu. J’essayerai d’en prendre une photo, un lecteur curieux et cultivé me dira bien de quelle espèce l’oliveraie est colonisée. Seuls les mâles, ensuite, se mettent à chanter, pour attirer les femelles qui reconnaissent ainsi les reproducteurs de leur espèce, faisant vibrer un « organe phonatoire spécialisé », sorte de cymbale interne qui, selon les individus, invite à la sieste ou est insupportable ;-) Il parait que certains enthomologistes aguerris reconnaissent les espèces à leur chant. Dommage que je ne sache pas mettre un enregistrement sur ce blog ;-)

Mue « imaginale »… J’ai appris un mot en écrivant la vie des cigales. Ai je moi aussi, en devenant vigneron, effectué ma dernière mue ou m’en reste t’il encore une ou plusieurs à faire ?

Un peu de philosophie, après tant de jours de silence, il fallait bien cela pour reprendre ce blog…

P.S. : le « ni blanc, ni noir » du début, simplement parce que si je labourai, au lieu de désherber, il n’y aurait pas de colonie de cigales ici…

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