Journée CERFA


Ah! la mi-août, dans le calendrier du vigneron, c’est le moment de s’occuper de ses CERFA.

Oh, le CERFA n’attend pas la douceur de l’été pour arriver à maturité, croyez-le. Toute l’année, il est exigeant et il a sa manière bien à lui de se rappeler à votre bon souvenir : la lettre recommandée ;-)

Mais la mi-août, c’est la saison des plus gros et des plus complexes, enfin pour Claudine et moi, Jean-Dominique, le plus comptable et le plus courageux d’entre nous, s’en occupant surtout en janvier, suite à la moisson de fin d’année que l’on appelle « bilan ». Et en Juin, aussi. Et en Mai. Et en… tout le temps ;-)

Pour un couple de vigneron, le temps des CERFA 8288 et 8329 CVI est à la fois une épreuve, une source d’incertitude (incertitude de s’être trompé qui, quelque soit son poids, vaut mieux que l’angoisse de ne l’avoir pas remplie du tout) et une joie, celle d’avoir terminé, si possible dans les délais.

Je vous parle ici bien sûr du Centre d’Enregistrement et de Révision des Formulaire Admistratifs qui nous pond, année après année, de nouveaux formulaires qui complètent d’autres formulaires qui remplacent d’autres formulaires, etc. Dans le monde du vin, ils ne sont pas à la fête, j’imagine : entre la réforme des AOC, la réforme des labels, la réforme des Douanes (10 ans déjà qu’on réforme chaque année) et la réforme de l’INAO, on nage dans une sorte de capharnaüm administratif ou les agents eux même ne savent plus vraiment ce qu’il faut faire et surtout ce qu’il faut mettre dans les cases D ou les lignes XY. Imaginez alors le vigneron, pris entre une demande de photo 300 dpi, une dégustation joyeuse car pleines d’enfants, des mises en bouteilles ou des analyses pour Taiwan qui veut être sûr qu’on a pas de plomb dans les vins, manque de devenir chèvre.

Moi, les Cerfa, je fais carton plein au moment de la déclaration de stock, parce que j’ai le domaine ET le négoce de raisins. Et si je vous parle d’une épreuve, c’est une épreuve personnelle : si votre couple résiste à une DRM de juillet et à une déclaration de stock, alors, il tiendra longtemps ;-) Des heures, des jours de travail pour savoir si vous avez ou non en stock des « manquants taxables », c’est à dire des vins théoriques que vous n’avez pas en réalité dans votre stock, soit que vous les ayez bus, soit que vous les ayez offerts, soit que vous les ayez partagés lors des dégustations, soit que vous les ayez donnés.

Savoir la quantité exacte de vin en stock est bien sûr impossible, la simple variation de volume due à la température rendant physiquement fort aléatoire la mesure exacte des volumes. Alors on estime, puis on moyenne, puis on « coefficiente » l’évaporation, les pertes, les lies, les variaions de toute sorte, puis on voit : combien d’hectolitres vous manquent ? Ah, ah ! 2 hl ? C’est du propre : vous nous devez 3,34 euros de droits de circulation. Par HECTOLITRE… Des heures et des heures de travail, d’angoisse, de questionnements devant des dizaines de cases pour… quelques euros.

Vive la France. Vive la simplification, car l’administration qui faute de bras remet en ce moment, peu à peu, sur vous la charge de l’auto-contrôle et de l’auto-gestion, enrobé de ce mot magique, « simplification » – vite suivi de l’autre mot magique de l’époque, « dématérialisation », qui signifie, là, bientôt, que c’est vous qui vous aller vous payer en plus la saisie dans la grande machine du web et que pour vous plaindre, ce sera désormais directement à l’ordinateur…

« Exportez, soyez dynamiques » qu’ils nous disent. Encore faudrait-il avoir le temps…

Marrant, j’ai souvent des demandes de stage en vinification, beaucoup en vue de projets d’installation. Pourtant, jamais de demandes de stages d’administratif. Erreur, cher impétrant, erreur, dans ta maitrise des méandres de l’administration et dans ton appétence pour la chose se cache une bonne partie de ta réussite…

P.S. tu retiendras, ami vigneron qui me lis, d »apprendre à utiliser la fonction « machine à écrire » d’Acrobat Pro, qui permet de remplir ces formulaires pdf directement sur l’ordinateur (j’ai trouvé il n’y a pas longtemps et je regrette de ne pas l’avoir su plus tôt), et tu regardera Ragtime, dont la version 6.5 vient de sortir et qui permet aisément de reproduire les CERFA à l’identique afin de ne pas avoir à les reremplir chaque année. C’est cher, mais c’est LE logiciel adapté à notre métier…

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