Vendanges 2022 – Jour 7 – Changer de temps
Le temps change. Difficile à expliquer, mais le temps change. De bon matin, il y a quelque chose dans l’air, un changement subtil qui indique que nous sommes passés dans une autre partie de l’été, la dernière partie de l’été. Une lumière, un air, des nuages, je ne pourrais vraiment le définir. Il fait toujours très chaud, il n’a pas particulièrement plu, la météo affiche toujours un soleil insolent mais je vous le dis, moi, le temps a changé comme si nous étions arrivés au sommet d’un immense col et qu’il fallait aujourd’hui redescendre.
Grand tour des vignes à nouveau ce week-end. Certaines resplendissent, la plupart; une et une seule souffre, vraiment, et nous irons donc la vendanger cette semaine, un peu comme l’on doit parfois faire piquer un animal, à l’agonie, pour le libérer. Mais toutes les autres, je ne sais pas, vraiment, où elles prennent l’énergie, l’eau, leur nourriture, leur boisson. Pas un raisin brûlés, pas une feuille sèche, la végétation elle même reste verte, carapaçant les raisins dans un bouclier impénétrable, bien plus que d’autres étés pourtant moins caniculaires.
Nous continuons tranquillement à dérouler le programme tel qu’on le faisait «avant», dans cette époque où les étés étaient des étés, les hivers des hivers. Les vendangeurs commençaient au bord de la mer, montaient peu à peu vers les collines, vendangeaient Rivesaltes, Espira, Cases de Pène, puis Salses, Vingrau, Tautavel, Maury et enfin Saint-Paul et on était alors en octobre.
Nous avons fait Espira, nous finissons Cases de Pène aujourd’hui, nous serons à Salses lundi pour vendanger la Chique si le renfort espéré arrive. J’ai la vague sensation d’être dans Mad Max, d’évoquer le temps béni où il y avait de l’eau, du carburant, où l’on gaspillait tout cela sans compter… Où ce réchauffement, ce dérèglement nous amène-t-il ? Je ne sais pas. Mais je vois que la taille en gobelet permet des choses, fait espérer la résistance.
Tout le monde ici parle d’irriguer ? Mais avec quoi ? Et une culture pas vraiment «vivrière» ? De loisir ? Je doute qu’entre la vigne et les fruits ou les légumes, les décideurs hésitent longtemps. En attendant, les deux derniers «accords toltèques» me reviennent en mémoire : «ne faites pas de suppositions»; «Faites toujours de votre mieux». Sage conseil. Profitons de ces belles journées, vendangeons, les amis, vendangeons.
Je ne mettrai pas de photo, aujourd’hui, ni de musique. Le texte se meurt, le texte est mort mais tant pis, le texte je l’aime. Vous n’êtes vraiment plus beaucoup à me lire et, sans quelques visages chers qui me donnent du courage le soir ou le matin – Hélène, Jean, Maxence et les autres, j’aurais abandonné, terrassé par les statistiques de google analytics. Passer à autre chose, des photo, sur Instagram, des colères, sur Facebook, pour faire des «vues». Bof. Comme l’été qui se meurt doucement, le blog se dilue dans les accélérations du monde et le trouble de l’attention qui fait papillonner les cerveaux, rendant vain tout effort de concentration.
Allons, la vigne m’appelle.
Les poissons nagent librement dans la mer, insoucieux de l’eau. Les oiseaux volent librement dans le ciel, inconscients de l’espace. Les hommes vivent librement dans le monde mais ils s’encombrent de fardeaux et de soucis. Quand tu auras saisi le véritable sens de la liberté, tu monteras bien plus haut que tous, hommes, poissons et oiseaux confondus, dans la pleine jouissance des lois de la nature
tchouang TSEU
Merci, encore une fois, merci!
Hervé,
je pense que bcp, comme moi , ne lisent pas l’article sur le site mais par mail reçu quotidiennement,.
Les statistiques sont donc à relativiser
Amitiés
Bonjour Hervé,
Je vous lis via mail ou sur le blog et j’aime profiter de cette pause, que cette lecture me donne ; bouffée d’air rafraîchissante dans une vie toujours plus remplie et où tout va toujours plus vite.
Chaque année, j’apprécie ces vendanges par procuration qui nous éclaire sur la fabrication et la genèse de vos précieux flacons.
Merci encore de nous les partager.
J’aime à lire vos billets d’humeur, peut-être trop souvent par le mail que l’on reçoit alors je vais m’efforcer d’ouvrir votre blog pour lire l’humeur du jour en attendant moi-même l sécateur en main d’œuvrer pour les jus de mon patron du moment…la Loire vous salue
Herve
Lecture assidue tous les jours et transfert a la famille enfants et epouse avec evocation de qq phrases et moments ou photos. C’est super – creatif poetique et en même temps la vigne… et j’en apprends beaucoup
Alors n’arrete pas
Cher Monsieur Bizeul
Je serais donc l’un des rares à vous lire fidèlement?
Mad Max , je ‘n’y avait pas pensé, mais finalement oui, nous n’en sommes peut-être pas si loin…
« L’accélération », ça c’est quand on devient vieux (comme moi)
Allez, tout ceci n’est que passager, et bientôt nous retrouverons un nouvel élan!
En attendant, préparez-nous encore ces nectars dont vous avez le secret, et merci d’avance pour le moments de bonheurs que nous allons partager autour !!!
Très belle journée
Stéphane
Les satistiques de Google analytics ne prennent pas en compte les lecteurs des mails alors courage et continuez…
De toute évidence tu es lu mais en tant que puriste tu voudrais que ceux qui te lisent viennent directement sur le blog ou soient tous abonnés, j’ai moi aussi longtemps rêvé de cela. Mais beaucoup, pris dans leurs quotidiens ne le font pas alors qu’ils aimeraient lire tes vendanges et côtoyer ta plume. FB n’est malheureusement plus ce qu’il était il y a encore quelques années, c’est certain, mais oui il peut toujours être un tremplin pour rappeler à ceux qui t’aiment qu’ils peuvent voyager avec toi; mettre du positif et du beau dans une appli qui ne l’est peut-être plus c’est l’orientation que j’ai pris en mettant même en direct mes textes et plus que le lien du blog. Le beau doit perdurer et tes doigts en tissent tous les soirs en tapant ces textes qui transpirent ta passion.
Votre carnet des vendanges est comme une drogue. On en a besoin régulièrement. Quand viendra la fin des vendanges, on devra tenter de se sevrer pendant un an. Votre blog m’a fait découvrir votre domaine, m’a donné envie d’acheter quelques bouteilles et quand je les ouvres j’ai l’impression d’avoir participé aux vendanges par procuration!
Bonjour Hervé,
Comme beaucoup d’autres, je lis votre chronique par mail, avec un plaisir toujours aussi fort et renouvelé. Nous n’entrons donc pas dans les statistiques de Worldpress. Mais s’il vous plait de continuer, je vous assure de ma fidélité de lecteur assidu.
Bien sincèrement.
Bonjour,
Continuez l’écriture nous sommes quelques irréductibles Gaulois à aimer et défendre ce mode d’expression.
Pas de découragement, j’apprécie de suivre vos réflexions et constats qui accompagnent ces vendanges.
Epistolairement votre.
Bonjour Hervé,
Je vous lis tous les jours en direct par Mail et je ne peux que ovus affirmer que je m’en réjouis déjà le matin en attendant enfin vos nouveaux commentaires, ceci avec impatience chaque jour. J’ai même transféré le lien à des amis et il nous arrive, de temps en temps, d’en discuter .. donc: s.vp. plait n’arrêtez pas et ne perdez pas l’espoir, vous avez des « suiveurs » fidèles! J’habite au Luxembourg, mais je connais bien votre région (pour y être passé assez souvent, en famille et avec des amis et nous adorons) et nous sommes adeptes aussi de vos produits. Comme David vient de le mentionner (et je ne peux que confirmer): « on a l’impression d’avoir participé aux vendanges par procuration ».
Bon courage et j’espère que vous allez continuer …!
Moment de régal que la lecture de votre blog, bien représentatif de la finesse et diversité de vos vins.
Si si, on vous lit et on est avec vous ! même si ça vous fait une belle jambe de lire ceci vu qu’avec vous de loin n’est pas aussi intéressant qu’au pied du cep…
Bon courage et merci de faire vivre ce blog pour nous rappeler le travail derrière l’étiquette.
Bravo Hervé ! C’est toujours bien écrit, bien décrit, bien pensé, plein de sensibilité et… sans fautes d’orthographe !!! Un vrai régal.
Courage pour la suite.
Bisous. Michèle
Merci, je vous lis avec énormément de plaisir chaque jour via l’émail reçu, que j’attend avec impatience… j’y retrouve les souvenirs, les odeurs, les images de ce beau pays.
Et vos vins me reviennent en mémoire…
Continuez
Sébastien
Bonjour,
Merci pour ces textes roboratifs pour l’esprit. Continuez à nous arroser de votre verbe poétique, de votre talent de conteur d’autrefois, de votre faconde vigneronne…
Notre monde, c’est vrai, se dessèche et nous avons encore besoin de ce rafraichissement apporté par la lettre et plus tard par la sève de vos dives bouteilles !
Merci encore, continuez et fuyez Google analytics !
Bonne fin de vendange,
Heureusement qu’en allant sur le site on s’aperçoit que les lecteurs sont là, présents chaque matin et qu’ils lisent et te suivent, mon cher ami. Ça me rassure car j’avais un peu peur des conséquences de ces mots écrits ce matin… Bris de plume, de crayon ou de stylo et grande cape de mutisme style « je boude ».
Non et non… On a envie de savoir, de suivre, de participer à cette longue épreuve, et à ce millésime si particulier et tellement indispensable.
On pense tous à toi Hervé, à tes efforts et à ceux de l’Equipe. Un grand merci quotidien.
Comme plusieurs autres personnes l’ont dit également, je lis TOUS les billets directement dans gmail, continuez à écrire Hervé, c’est un bonheur de vous lire au quotidien pendant les vendanges !
Cher Monsieur Bizeul, vous êtes lu avec la plus grande attention et une admiration chaque année renforcée. Avec vous j’ai l’impression tout a la fois d’être ancrée dans le réel et invitée à une quête spirituelle. Chaque post est pourtant unique, avec sa propre tonalité mais la « petite musique » entête et s’entête. Alors, oui, je lis le mail et viens rarement sur le blog. Mais chaque année, je trouve a minima une personne que je juge apte à vous lire et a laquelle j’envoie le lien. Pour ce que j’en sais, cela fait de nouveaux abonnés. Et je m’efforce de les choisir jeunes. Je compte donc sur vous pour poursuivre leur éducation dans les prochaines decades ! Bien a vous
Hervé, je lis directement le blog, sans être abonné, mais extrêmement fidèle et intéressé. L’état de santé de la vigne sous l’urgence climatique, les inquiétudes du vendangeur, les choix d’Hervé Bizeul, sa vision du monde, ses rêves d’infini et son enracinement dans le réel, tout celà me touche.
Et comme on ne peut pas arriver à la soixantaine totalement naïf, je me dis que l’animal a voulu faire un p’tit sondage, comme les musiciens sur scène ont un retour du son, pour vérifier la qualité de réception de ses émissions. Une ruse charmante et enfantine : on a tous besoin d’être aimé et de se savoir aimé. Henri
De toutes évidences ce n’est pas la quantité des lecteurs qui compte mais bien la qualité de leurs appréciations
Pour ma part je regretterais amèrement de ne plus vous lire alors merci et surtout n’arrêtez pas
Bonsoir Hervé,
Je lis (mail) chaque jour le récit de vos carnets de vendanges avec délectation !
Ne nous privez pas de ce plaisir, s’il vous plaît..
Toujours bien écrit, de l’humour et en supplément, quelquefois, des recettes (exemple , la ratatouille ultime avec verre de champagne pendant sa réalisation..).
Je connais bien votre région et j’apprécie vos vins .
Continuez à nous régaler.
Amitiés
Bonjour Hervé,
Attention Google analytics : je sais que nous sommes très nombreux à recevoir vos pensées, vos états d’âmes, le déroulement de vos vendanges, l’état des vignes, et les photos, si belles. et tout ça par mail.
J’ai compris qu’il faut aller plus souvent lire le blog.
Mais surtout… n’arrêtez pas de communiquer. Personnellement, j’en ai besoin.
Un grand merci à vous,
Patrice
Mais oui on te lit sur le mail
Je vous lis tous les ans avec grand plaisir !
Bonjour,
Moi aussi je lis le billet du jour directement à partir du mail. Et c’est chaque jour un régal. C’est ma petite sucrerie quotidienne; et Dieu sait qu’elle me manquerait si vous arrêtiez. J’ajouterais que quand j’ouvre une de vos bouteilles, je me régale avec ce que je déguste, mais elle a une saveur encore améliorée en repensant à tous les billets que j’ai lu, qui montrent tout le cheminement complexe pour arriver à ce résultat, les Hommes qu’il y a derrière. La prise de conscience que je ne bois pas seulement un vin que je me suis offert, mais que je bois le résultat d’un travail. Ça prend une toute autre saveur. L’humain.
Donc, merci encore de nous offrir votre talent d’écrivain et votre temps dans ce blog.
Philippe.
Philippe en vous lisant je me disais que déguster une excellente bouteille de vin, c’est comme admirer une œuvre d’art, un tableau par exemple : on peut trouver ça beau (bon), ressentir des émotions allant jusqu’au choc esthétique, j’ai même versé une petite larme en dégustant un cru exceptionnel… C’est un plaisir brut, instinctif. On pourrait s’arrêter là, c’est déjà beaucoup. Mais le blog d’Hervé permet d’aller un cran plus loin, bien sûr comprendre comment l’œuvre est réalisée, mais aussi pour quoi, déchiffrer les intentions de l’auteur, sa pensée, son message. C’est accéder au cercle des initiés. Et le plaisir de déguster en est d’autant plus fort. Encore merci Hervé, continuez s’il vous plait à nous régaler avec vos vins comme avec vos écrits.
Bonjour,
Moi aussi je vous lis chaque jour, mais je lis seulement le mél.
Merci
Continue Hervé ! Je pense que nous sommes plus nombreux que tu ne le crois. Et c’est le statisticien qui parle…
Bonjour,
Je découvre… quel bonheur de vous lire!