Vendanges 2023 -Jour J+4 – Sauvés par la machine


Le soleil ne dore pas, il ne rend pas les gens intelligents. Il veut les faire fondre, les liquéfier.

Il faut terminer les blancs de la plaine, deux semaines plus précoces que les terroirs de Vingrau. Destinés au Sorcières, il est temps de les rentrer. De toute façon, on a pas le choix. 42 ° vers midi, l’enfer. On a l’impression que la chaleur est solide, il faut comme «nager» à l’intérieur. Elle vous colle à la peau, rend tout brûlant. Les feuilles font le gros dos, se recroquevillent pour tenter de survivre. On ne gagnera rien à attendre. On est loin des précipitions invisibles de la semaine dernière. Songeur, je me dis que le paradis ou l’enfer, ça doit être un peu ça. Mais sans fin.

Heureusement la machine est là. Alors qu’il est humainement impossible de vendanger plus de quelques heures le matin, sauf à vendanger la nuit, à la frontale, comme le fait mon ami Gérard (Gérard, dans le vin, c’est comme Sophie dans le cinéma, le prénom suffit). La nuit, la machine, elle adore travailler, sans relâche. Voilà la nouvelle Pellenc avec trieur embarqué, qui commence à récolter pour nous à 2 heures du matin. Il fait encore 30°… Jamais encore la météo du Perpignan n’avait mesuré une nuit aussi chaude.

Bien être des ouvriers, vignes respectées, caviar à l’arrivée. J’essaierai de vous faire une vidéo, mais bon, pas vraiment le temps ni l’envie en ce moment de faire du cinéma.

J’ai déjà dit tout le bien que je pense de la machine ICI, je ne vais pas recommencer.

Cependant, soyons clairs : cette année, avoir quelques hectares de vignes vendangeables à la machine, c’est indiscutablement un avantage incroyable, une certitude de pouvoir encore vendanger des degrés modérés avec des pH corrects.

Vermentino rentré dans la nuit de mardi pour le sorcières blanc, Grenache blanc dans la nuit de mercredi, au moment même où je finis d’écrire ces mots. Je ne parle pas des rendements sur certaines vignes, je vais pleurer. Et encore, on voit l’avantage de vignes bien nourries, aimées, sans maladie, en forme comme de grands sportifs. Elle résistent, s’arc boutent, se défendent, ne lâchent rien. Pour ceux qui préconisent un autre parcours, le réveil va être douloureux et certains ne s’en relèveront pas. Pour tout un pan de la viticulture du Roussillon, c’est la dernière année. Dramatique.

Clairement, on va se consacrer trois nuits à rentrer tout ce qui peut l’être, en fonction de la disponibilité de la famille Serret. Merci Jean, merci Clément. Je ne sais pas comment ils tiennent physiquement en ce moment, la vendange mécanique demandant une attention sans faille.

Le soleil déverse depuis deux jours sur nous un feu liquide, on pourrait cuisinier sur les parois en métal des bâtiments, on comprend physiquement ce qu’a vécu Icare. Heureusement, ça va se calmer et les quelques nuages qui arrivent de l’ouest à partir de 19 h nous sauvent des derniers rayons rasants qui, parfois, arrivant sur des grappes déjà brûlantes, les détruisent, totalement ou en partie.

En remontant vers Vingrau, je perds 4 ° sur le thermomètre de la voiture.

Le grand terroir, c’est aussi celui qui a un grand pouvoir de résilience.

La pluie, peut-être, dimanche disparait puis revient des prévisions météo. Puis revient. S’il pleut, ce sera un tournant du millésime.

Ce que j’écoute, au quotidien, au jour le jour mais pas tous les jours…

La citation du jour, mais pas tous les jours…

« J’admire les convictions mais je crois aux situations. » Jean d’Ormesson, je dirais malgré tout que cette vie fut belle

2 commentaires

  • Claire
    24/08/2023 at 10:20 am

    Et si la cruauté et la douleur du soleil trop présent. Si et toute cette souffrance allait offrir Le Nectar d or, larmes de cette vigne qui souffre déjà depuis des mois…

  • Levavasseur
    24/08/2023 at 11:46 am

    Pas mal la citation du jour! Ou l’intelligence situationnelle… Je préfère d’Ormesson, plus poétique!

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