Vendanges 2023 – J+18 – Voir le jour se lever


Bon, je viens de me rendre compte que mes titres sont très inspirés – mais tout à fait à l’insu de mon plein gré – des leçons de séduction d’Aubade. Ah mince !

Du coup, je suis allé farfouiller et j’ai trouvé cet excellent site qui répertorie les 183 leçons de séduction qui, au fil des jours, ont rythmé une époque. Pas sûr qu’on puisse refaire pareil aujourd’hui, alors que le mot Abaya est partout, en tout cas pas certaines d’entres elles. J’aime bien la 101, mais bon, je n’ai cliqué que sur quelques-unes. Toutes m’amusent mais certaines me bluffent par la force de la phrase plaquée sur la photo. Dans la pub travailler j’aurais pu. Une autre époque, une autre vie. On en a qu’une. No regrets.

Les 183 leçons sont là, et oui, comme dit l’auteur du site, c’est cadeau. Je vais en mettre quelques-unes, là, ça amènera des lecteurs. Et des lectrices…

Je ne sais pas pourquoi je vous parle de ça, en fait.

On était juste de bon matin, alors qu’il faisait encore nuit, à s’enfoncer dans la terre mouillée (ON A CHANGÉ de sujet, ne commencez pas !) car, alléluia, il a plu ! 20 mm à Vingrau, sans doute variable en fonction des méso-climats, la taille en dessous du micro-climat. Particulièrement évident cette année : à droite de Vingrau, en montant, 200 ou 300 mm en 12 mois; sur Vingrau, peut-être 50 de plus. A gauche, avant d’arriver à Maury et plus haut, 100 mm de plus. C’est comme ça. Une chose que m’aura apprise ce millésime, c’est que la guerre de l’eau aura lieu entre le nord et le sud et entre les riches et les pauvres, comme prévu, mais aussi entre régions, entre la plaine et la montagne, peut-être même entre villages.

Syrah, la Cresse, normalement « épine dorsale du Clos des Fées » comme l’appellent les spécialistes du domaine, si tant est qu’il y en ait… 80 ares, en pente. Les vendangeurs sont déjà en place et attendent que le jour se lève. Timing parfait.

Et quelle pente… Longue, dure, interminable.

En bas, à droite, les porteurs et leur hotte. En haut, à gauche, l’arrivée. Il faut les jambes, le cœur entraîné et surtout le mental. D’autant qu’il faut courir un peu à la descente, pour ne pas faire attendre les coupeurs. On passe à quatre coupeurs pour un porteur, et si les coupeurs ne sont pas joueurs, ils évitent de trop les remplir en bas, au début. Aux premières montées, on ne voit pas l’arrivée, que le ciel. Quand on arrive sur le plat, il faut encore monter l’échelle et vider.

Vive les vendanges manuelles. Vive ceux qui ont encore la passion suffisante pour s’engager dans ces aventures.

C’est le bon moment encore que l’on aurait pu, sans doute, attendre encore un tout petit peu. Si pour le pinot, mieux vaut deux jours trop tôt que deux jours trop tard, pour la Syrah, ça pourrait se discuter. Il est quand même tombé 25 mm au pluviomètre, il faut trois jours pour que l’eau arrive au raisin et trois jours pour évacuer l’eau ensuite. Ça ferait trop tard. Today is the day.

Les premières feuilles ont bien protégé les grappes pendant tout l’été. Seul le côté soleil couchant a été impacté par ces maudits cinq jours de feu venus du ciel. On a fait tomber les raisins, pratiquement secs. Trois cents bouteilles, sans doute. La qualité a un prix, si tu ne veux pas le payer, ne fais pas de vin.

Degrés finalement modérés, date de récolte conforme à un millésime normal. J’avoue comprendre de moins en moins cet étonnant 2023. Libérées de leurs fruits, alimentées enfin en haut, on peut désormais espérer une bonne mise en réserve. Continuons.

Ce que j’écoute, au quotidien, au jour le jour mais pas tous les jours…

La citation du jour, mais pas tous les jours…

« Dans le monde du désir, un peu d’eau suffit toujours à amorcer la pompe »

Iain Bamforth « Stendhal’s Syndrome », The British Journal of General Practice, vol. 60, no 581, 1er décembre 2010, p. 945–946

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