Vendanges 2023 – Jour+19 – Varier les plaisirs
Le week-end ? Quel week-end ?
Samedi, effeuillage du Cabernet-Franc pour les uns.
Je voudrais pas faire genre, mais si certaines vignes ont souffert, les grands terroirs se sont affirmés… Bon, c’était le plus beau. La parcelle est court nouée , c’est ma faute, j’ai planté trop tôt, à l’époque, sans laisser reposer. Mais le Cabernet-France en gobelet, c’est top. Le merlot ou le cabernet-sauvignon, c’est plus compliqué. Bref, c’est beau.
Vinification pour les autres.
Les « vins de fruits » se décuvent peu à peu. Super Sorcières à l’horizon, un peu plus de fond que d’ordinaire, faut se rendre désormais à l’évidence. Le millésime sera rare mais exceptionnel.
Pour les « vins de lieux », la cave s’est remplie gentiment avec les Syrah, désormais toutes vendangées. La veille de la pluie (à laquelle on croyait peu, je l’avoue), on a fait tout un terroir ensemble, vous vous souvenez, l’histoire de « c’est qui le patron » ? Les sangliers… Tout est au froid, en pré-fermentaire, tout se passe bien et ça goûte un fruit éclatant. Il y a donc une cuve en grains mêlés, chose que j’ai toujours plus ou moins pratiquée et qui me fait kiffer. Les manquements d’un cépage (couleur, sucre, tannins) sont naturellement compensés par les qualités d’un autre, différentes (couleur, sucre, tannins). Le couple Syrah/Grenache fonctionne bien, le Grenache/Carignan aussi. Sans doute pour ça, hein, qu’on les a cultivés ensemble. Bon, la Syrah est un cépage résolument dominant, genre catwoman. Si on dépasse 40 %, voire 30 %, ca devient vite de la Syrah. Mais, de temps en temps, après tout…
Ah, Catwoman…
En plus de tractoriste, vendangeur, porteur, etc, j’ai varié les plaisirs, dimanche et joué au docteur. Un collaborateur avait un genou enflé en début de semaine, direction les urgences . Analyses pas vraiment au top, il va falloir qu’il change de régime alimentaire. Ce petit désagrément lui a sans doute sauvé la vie. Tout le monde s’est mis en quatre, l’a accompagné, on a bataillé pour ouvrir ses droits (no comment la MSA, on va dire qu’elle fait ce qu’elle peut), le traducteur automatique du téléphone franco/polonais a fait son job. On espère le revoir bientôt. On l’aime. On est une sorte de famille.
Dimanche, c’est mon tour de faire un tour aux urgences pour une autre occasion, rien de grave, heureusement, juste un coup de mou d’un des plus fidèles des Clos des Fées Warrior qui s’est fait une frayeur et une grosse tachycardie. C’est bien d’avoir un pote urgentiste, ca rassure vite et bien (Merci, ami). Quelques heures à l’hôpital, chaque année, en spectateur, juste pour remettre les compteurs à l’heure, voir le dévouement des personnels, la puissance de l’outil, les perfectionnements technologiques et la carte magique – la verte, qui rend tout ça gratuit – c’est salutaire, moi je vous le dis. Chaque matin, s’assoir sur le bord de son lit, checker son corps, respirer, savourer simplement d’être vivant, sans douleur. Je le fais souvent. Merci la vie pour cette piqûre de rappel…
Merci Sylvère, qui a pris le relais et a détruit son dimanche avec le sourire pendant que j’étais à la clinique, merci à toute l’équipe qui est au top et se moque gentiment désormais des autres « colles » (équipes) de vendangeurs tant elle est engagée et affutée. Merci à tous ceux qui, autour de moi, se donnent à fond et sans qui le Clos des Fées ne serait rien. Tout seul, dans le vin, on ne pas pas plus vite ni plus loin, on va dans le mur.
Je ferais bien une petite réflexion sur notre chère 1ere ministre qui propose aux stations essence de vendre à perte alors que l’état nous ponctionne déjà 1 euro de taxes diverses sur les 2 euros que nous payons sans broncher, sans parler des taxes qu’elle leur prend ensuite sur leur maigre marge, mais je vais m’abstenir. Quand tu sors une connerie pareille, tu commences à dire que toi aussi, tu vas bosser gratuit pendant la même période. A la veille des européennes, faut que je reprenne mon mantra : pas de politique, pas de politique, pas de politique…
La clé du millésime, en plus de tout le reste, bien sûr, culture, travail en vert, stratégie de vendange, etc, ce sera clairement la conduite des vinifications. Plus doux, plus court, main de velours style quoi.
Vendredi on a fait la parcelle la plus vilaine, la plus dévastée par la sécheresse, par le soleil, par le manque d’eau, par la grêle. Il faisait beau. On se souviendra de ça. Des belles choses. C’était bucolique. Pour le reste, le pire n’étant jamais décevant, comme dit si bien Claude Lelouch, on verra bien. Je vais mettre dans la cuve tout ce qui ne me plait pas. Je vais envoyer des bonnes ondes, faire des abracadabra, rêver que je possède vraiment les pouvoirs d’alchimiste que certains me prêtent et relire le vilain petit canard. Et qui sait, bientôt, crier au soleil comme lui : « Comment aurais-je pu rêver tant de bonheur, pendant que je n’étais qu’un vilain petit canard. »
Bon, c’est clair, je ne serai pas à San Diego le 1er octobre pour le Live des Teskeys Brothers, mais c’est bien leur musique qui me porte cette semaine.
Ce que j’écoute, au quotidien, au jour le jour mais pas tous les jours…
La citation du jour, mais pas tous les jours…
« Les grandes choses dans le business ne sont jamais réalisées par une seule personne. Elles sont accomplies par une équipe. » Steve Jobs
En vous lisant et, plus particulièrement, cet article, il vous est possible d’écrire un roman noir.
Il est possible de se croire dans « L’été circulaire » de Madame Marion BRUNET et/ou dans « La politique du tumulte » de François MEDELINE.
Merci à Vous tout simplement.
Prends soin de Toi l’Ami
Merci Hervé
Vous avez fait ma soirée
Pascal
Du vin à perte, on en fait déjà dans les PO et ailleurs, me semble-t-il.
Je la trouve très belle ta dernière photo.
J’attends des nouvelles de tes carignans et de tes mourvèdres !