Vendanges 2023 – Jour J+25 – Vendanger le meilleur


Voilà, c’est fini.

Un peu de Grenache lundi, avec la petite Sibérie.

Je ne sais pas honnêtement, s’il y en aura, mais… j’ai bon espoir. S’il y en a, il y en aura peu, 4 ou 5 barriques ou lieu de 8 ou 9. Il n’y avait pas de raison, après tout, que cette parcelle ne soit pas touchée par le climat compliqué de cette année. On a attendu jusqu’au bout, attendre plus serait juste bête. Le feuillage est certes beau, les bois bien aoûtés, mais si le raisin a bien évolué, cela n’a rien à voir avec une année « normale » à tout point de vue. Bon, je me dis que bien des années « anormales » ont fait des millésimes de légende. Ou des vins affreux, aussi, ne nous leurrons pas.

Mais, là, quand même, les vieux Grenache avaient de la gueule…

On a filé ensuite à la limite d’Opoul et de Vingrau, au Mas Farines. Bon, j’avais vaguement en tête de vous raconter la faillite d’Achille Farines et la vente aux enchères de ce politicien et notable rivesaltais, le jeudi cinq novembre 1885 au palais de justice de Perpignan, place Arago et puis, j’avoue, je n’ai plus le courage. L’année prochaine ? Allez, l’année prochaine.

Mon vieux genévrier, si beau, si droit, si altier était déjà là au moment de la date et sans doute plusieurs centaines d’années avant encore et, en le regardant, je me dis que je voudrais vieillir comme lui, avec… grâce ?Mais bon, ça va être compliqué vu mon stress, mon hygiène alimentaire déplorable pendant les vendanges, ces rêves étranges qui me réveillent. C’est comme ça.

Des enfants l’ont escaladé, à l’époque, ont tenté la cabane, s’y sont cachés.

Se cacher, c’était un peu mon envie hier après midi. Trouver un terrier, une tanière, une cachette sous une racine ou m’attendraient mes amies les fées et mes potes les lutins. Un feu dans l’âtre, un matelas de paille douce ou de duvet, une soupe parfumée et l’entame d’un pain chaud et craquant. Retrouver une sorte de « giron » dans le sens refuge, intime, familial, maternel, sécurisé. Se laisser aller, ne plus avoir de questions sans réponses, de mails en retard, de cuves trainantes, de pré-assemblages, déjà, à faire, de voyages à organiser, de choses en retard qui s’accumulent.

Ressentir ce que… ressent l’autruche, une fois la tête au chaud, dans le sable. Je sais, je sais, c’est une légende urbaine, le coup de la tête dans le sable. Mais l’idée est belle et l’image forte. Si j’avais le temps, je vous raconterais bien l’histoire des deux autruches femelles poursuivies par deux autruches mâles mais tiens, ça attendra qu’on se croise, dans le village ou en novembre, pour la Paulée à Paris ou à ce diner à HK le 22 dont je dois m’occuper, ou bien à la cave, le 3 décembre pour notre évènement annuel. Je saurai ainsi que vous avez lu jusqu’au bout.

Etrange année, décidément. Je renonce à tenter de la comprendre. Un peu comme les femmes ? J’ose ? J’ose 😉 34 degrés sur la plage, dimanche, des nuits à 24 hier donc des insomnies, des feuillages qui ne portent aucune trace de lassitude mais des raisins totalement bloqués, comme coupés de leur maturité, des moûts un peu mous et des vins tendus comme des… arcs de Kyûdô.

L’assemblage va être cette année une étape majeure.

Ce que j’écoute, au quotidien, au jour le jour mais pas tous les jours…

La citation du jour, mais pas tous les jours…

« Car il est bien mort, celui qui ne souhaite entendre conter merveilles, celui qui n’a pas soif d’amour et de beauté, celui qui ne sait plus frissonner de joie. »

Jacqueline Kelen, une robe couleur de temps

4 commentaires

  • Apolline
    06/10/2023 at 2:52 pm

    Très poétique. Merci pour ce texte qui a redoré mon après midi.
    Je vous souhaite le meilleur.

  • Roland
    07/10/2023 at 11:41 am

    Tu es un vrai conteur mon Hervé, c’est du pur plaisir
    Bonne petite Siberie
    Roland

  • MCMalbec
    08/10/2023 at 3:32 am

    Ah j’aimerais pouvoir venir te préparer une soupe odorante et fumante, ou plutôt glacée mais parfumée vu le temps… avec même pour finir un petit gâteau d’omelettes ? Ça te réconforterait un peu. Mais je suis trop loin.

  • Lloret Jenny
    10/10/2023 at 1:07 pm

    Il paraît que ce sur quoi on porte notre attention se matérialise… Parfois faire l’autruche ça fait du bien… Tout comme un peu de poésie…

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